Le marché des ventes d'eau en gros est peu connu, mais porte sur des montants considérables. En effet, le prix de la ressource représente entre 50 % et 60 % du prix de l'eau commercialisé. Bien évidemment, si le prix de vente de l'eau en gros est supérieur au prix exact de la ressource, l'usager est pénalisé.
Par ailleurs, les ventes d'eau en gros sont utilisées par le SEDIF pour défendre le statu quo face à des EPT ne disposant pas de ressources en eau sur leur territoire. En effet, alors que le SEDIF se trouve en situation de quasi-monopole, il n'existe aucun moyen de vérifier si ce dernier demande le juste prix pour avoir accès à cette ressource.
Dans le cadre de mes fonctions au sein d'Eau de Paris, j'ai participé à diverses batailles relatives aux ventes d'eau en région parisienne. Cependant, Eau de Paris n'a jamais réussi à vendre de l'eau dans un cadre concurrentiel. Ceci s'explique par le fait que les producteurs d'eau privés vendent de l'eau en gros à un prix moins élevé, alors que le prix qu'ils appliquent à l'usager final est au contraire très supérieur à celui appliqué par Eau de Paris. Cette situation est totalement anormale. C'est pourquoi je milite pour que les ventes d'eau en gros soient régulées par une autorité suprarégionale prenant en compte l'intérêt général, afin qu'elles ne servent plus à soutenir les positions respectives des grands opérateurs.
À titre d'exemple, le SEPG achète à un prix exorbitant de l'eau à la Lyonnaise des eaux au titre de la capacité de secours, une sécurité qui en réalité n'a jamais été activée, alors que cet acteur aurait tout intérêt à mutualiser son réseau avec Eau de Paris afin de bénéficier quasi gratuitement d'un tel secours. Là encore, cette solution serait facilitée par la création d'une entité suprarégionale.