Mon expérience de la situation à Mayotte date d'une mission lors de la première sécheresse, en 2017. J'ai ensuite coordonné le plan Eau-DOM jusqu'en juin dernier.
Mayotte souffre d'une pénurie d'eau récurrente, même les années sans sécheresse. La superficie de l'île, de 380 kilomètres carrés, correspond à quatre fois celle de Paris intramuros et y vivent 300 000 habitants. La ressource en eau y est inférieure au seuil de pénurie fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 500 mètres cubes annuels par habitant. À titre de comparaison, la métropole dispose de 3 000 mètres cubes annuels par habitant et la Réunion, de 5 000 à 6 000 mètres cubes.
La ressource en eau est déjà largement mobilisée à travers les eaux de surface et les eaux souterraines, qui couvrent environ 92 % des besoins. De nouveaux prélèvements en rivière, forages ou barrages permettraient de l'accroître encore un peu. La contrainte de la ressource en eau propre oblige toutefois à travailler à la marge, ce qui préfigure des difficultés supplémentaires.
Voilà pourquoi je préconise le dessalement de l'eau de mer, qui revient à environ un dollar le mètre cube en recourant à des dispositifs classiques, mais à moitié moins en privilégiant des technologies plus performantes.
J'insisterai en outre sur le mur d'investissements qui se dresse devant les collectivités de Mayotte, de petite taille, aux moyens financiers et humains limités. La mise en conformité de l'assainissement implique une dépense de 100 millions d'euros par an, soit le budget d'investissement d'une agglomération de 200 000 habitants en métropole. Mayotte requiert un soutien technique et financier pour réaliser ces investissements considérables.