Intervention de Bernard Schmitt

Réunion du jeudi 22 avril 2021 à 15h30
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Bernard Schmitt, porte-parole d'Oiseau Nature, membre du collectif Eau 88 :

Le collectif Eau 88 a désormais cinq ans. Il est né d'une découverte, et de diverses compréhensions.

La découverte est liée à l'ancienne solution de « pipeline » donnant priorité aux industriels sur l'eau du Sud-Ouest vosgien, au détriment de la population. À cette époque, nous avons découvert un conflit d'intérêts impliquant la présidente de la commission locale de l'eau (CLE) et son mari, cadre dirigeant au sein de Nestlé Waters. Par la suite, ce conflit d'intérêts s'est converti devant la justice en une suspicion de prise illégale d'intérêts, dont nous attendons encore le jugement après quatre ans d'enquête préliminaire.

Selon nous, le déficit de la nappe des grès du Trias inférieur (GTI) est connu depuis les années 1970. Or, les acteurs ont commencé d'agir à compter de 2010, soit quarante ans après. Durant ce laps de temps, des facilités ont été accordées à Nestlé Waters, en vue de contrôler le territoire, d'acheter des terres et d'obtenir des autorisations, notamment pour embouteiller l'eau d'une nappe présentant déjà un déficit majeur. Cette situation est le fruit d'un verrouillage en amont de la CLE tant par l'État, les élus que Nestlé Waters.

À force de persévérance, nous avons obtenu l'abandon du projet de pipeline par l'État, au profit de l'approche multi-gîtes que nous préconisions. Mais il apparaît que la situation antérieure se reproduit maintenant, c'est-à-dire que les élus, l'État et Nestlé Waters ont convenu d'un protocole territorial, créant de fait une association d'acteurs menaçant de reproduire les mêmes conflits d'intérêts. Nous estimons que l'approche du GTI est demeurée la même, interdisant toute conception documentée à propos des nappes superficielles.

Enfin, nous déplorons que l'observatoire des ressources en eau (ORE) créé ne soit à même de transmettre ses premières données que dans deux ans, et des données plus fiables dans dix ans. Le protocole repousse les échéances à 2027, comme il en a déjà été le cas par le passé, anciennement en vue de 2015 puis 2021. Une nouvelle fois, les industriels conservent la priorité, Nestlé Waters ayant avec une autorisation de prélèvement de 500 000 mètres cubes, et l'Ermitage disposant 650 000 mètres cubes potentiels, dont 200 000 pourraient être prélevés ailleurs. En conclusion, nous jugeons que l'histoire ne fait que se reproduire.

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