Je tenais à revenir brièvement sur l'une des questions posées par M. Olivier Serva. En pratique, les élus sont devenus des aménageurs, du fait de la loi, mais également de l'évolution de leurs compétences. En conséquence, de nombreuses collectivités abordent la question de l'eau sous l'angle de l'aménagement du territoire, ce qui explique l'essor du recours aux régies publiques.
Par ailleurs, les solidarités doivent s'exercer à plusieurs niveaux. Dans le bassin de Picardie à titre d'exemple, des autoroutes de l'eau ont été réalisées. Ainsi, la ville de Lille ne dispose pas d'eau : celle-ci doit donc être récupérée à une cinquantaine de kilomètres de distance. Au-delà de la question financière, l'objectif est d'assurer une mission de service public.
Enfin, l'OPA de Veolia sur Suez met en évidence une réalité internationale qui sous-tend trois enjeux. Ces derniers renvoient :
– à la capacité des populations à accéder à l'eau : certaines catastrophes humanitaires considérables ne sont malheureusement jamais évoquées ;
– à l'utilisation de l'eau par l'agriculture intensive : cette pratique est en train de déstabiliser de nombreux équilibres environnementaux dans le monde entier ;
– à l'économie : la France peut-elle continuer à se permettre d'avoir, au plan mondial, deux opérateurs qui se regardent en chiens de faïence et qui pourraient, demain, ne plus peser d'un vrai poids dans le concert des leaders mondiaux ?
Les cultures respectives de Suez et de Veolia ne permettaient pas à leurs dirigeants de se rencontrer sereinement. Néanmoins, les enjeux identifiés supposent de dépasser un certain nombre de clivages. Il est indispensable que la France jouisse, dans le domaine de l'eau, de l'assainissement et du traitement de l'eau, d'une dimension et d'une reconnaissance mondiales.