D'abord, le statut public ou privé d'un opérateur pose question, mais pas autant que les obligations imposées par l'État à ces opérateurs. Par exemple, la Société Hydroélectrique du Midi (SHEM) a été successivement privée et publique, mais ces changements n'ont finalement pas eu d'impact significatif sur la disponibilité des ouvrages, puisque leur suivi a été correctement assuré.
Une problématique rencontrée ensuite dans la gestion de l'eau est l'absence d'une logique de vallée. Sur une même vallée, deux opérateurs peuvent cohabiter avec des concessions passant de l'un à l'autre. Il faudrait réfléchir à cette question pour améliorer le fonctionnement actuel avant de penser à libéraliser ce marché.
Un autre enjeu porte sur le traitement équitable, déjà mis en avant autour du sujet de la mise en quasi-régie des concessions hydrauliques d'EDF. Nous nous retrouverions alors en France avec trois opérateurs et trois régimes différents. La mise en œuvre d'un régime concurrentiel paraît inconcevable et contre nature dans ce contexte.
Enfin, l'énergie hydroélectrique nécessite une ressource qui n'est pas seulement une ressource électrique, mais qui est multi-usage : l'eau. La Compagnie nationale du Rhône (CNR) gère très bien le Rhône à cet égard. La volonté de chercher à libéraliser ce marché risque de mettre à mal ce type de gestion multi-usage face à des divergences d'intérêts. Il est urgent d'ouvrir le débat et de ne pas céder aux dogmes de la concurrence quand il est question de l'eau, qui est un bien commun de l'humanité et un bien vital.