Je n'ai pas les chiffres en tête. Tant que nous étions en EPIC, nous pouvions en tout cas faire de la recherche publique sur le long terme sans justifier d'une rentabilité immédiate pour chaque projet. Récemment, un plan d'austérité baptisé « Mimosa » a été motivé par une nécessité de revenir à un cashflow positif sous trois ans.
Cette logique financière a également conduit à réduire les effectifs de 10 % entre 2015 et 2019. La baisse a été plus importante en recherche et développement, puisque nous ne sommes pas immédiatement rentables. Elle faisait suite à des difficultés financières liées à une chute des prix de marché. C'est donc bien une approche focalisée sur le court terme.
Le plan Mimosa a en outre été annoncé en juillet 2020, en même temps que l'annonce des plans de relance qui doivent s'orienter en grande partie vers la transition écologique. Pendant ce temps, EDF continue à baisser ses effectifs et ses investissements et nous sommes persuadés que c'est lié au contexte de concurrence, car cette tendance est observée chez tous les opérateurs.
Nous entrons dans une non-couverture d'un risque d'extrême. Nous avons constitué un dossier sur cet enjeu en interrogeant des spécialistes, comme Monsieur Astolfi, qui était directeur d'EDF Hydro de 2005 à 2014 et a donc accompagné la privatisation. Il a évoqué des défauts de maintenance majeurs et inquiétants pendant plus de dix ans, avec des budgets inférieurs à 60 millions d'euros par an, alors qu'ils sont remontés à 400 millions d'euros par an ensuite.
De même, l'équivalent de six tranches nucléaires pourrait être construit en STEP et permettrait ainsi d'intégrer plus d'énergies renouvelables, mais elles ne sont pas réalisées. Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d'EDF, explique que nous n'avons plus les moyens d'investir comme par le passé à cause d'une situation d'incertitude liée à cette mise en concurrence. Nous pouvons également observer une perte de confiance totale du personnel dans leur management et dans l'avenir de leur entreprise.
Enfin, un rapport en ligne de l'inspecteur de sûreté hydraulique d'EDF évoque « une culture d'excellence technique encore présente dans les ingénieries intégrées, qui doivent désormais tenir compte des modèles économiques des exploitants. » Nous pouvons l'interpréter comme une consigne visant à éviter la surqualité, alors qu'il s'agit d'un secteur très dangereux. Il faut absolument maintenir la culture de sûreté qui a toujours existé chez EDF.