Intervention de Marc Laimé

Réunion du jeudi 27 mai 2021 à 13h00
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Marc Laimé, journaliste spécialisé et conseil sur les politiques publiques de l'eau auprès de collectivités territoriales :

Depuis que j'ai révélé cette affaire, voilà plusieurs années, M. Antoine Frérot refuse de me parler. J'ai publié, preuves à l'appui, tous les dispositifs mis en place à Bruxelles permettant, grâce aux « notionnels », d'y localiser une fausse banque, censée distribuer de l'argent à toutes les filiales européennes. Chaque année, ce dispositif permettait à Veolia de soustraire 500 millions d'euros au montant de l'impôt sur les sociétés. En ayant connaissance de telles pratiques, nous ne pouvons qu'être dubitatifs s'agissant des promesses de transparence de Veolia.

Il convient de prêter une attention constante aux volets juridiques et financiers. Une entreprise comme Veolia est capable de mobiliser des experts de très haut niveau, face à des collectivités locales démunies. C'est la raison pour laquelle il est absolument nécessaire de refonder des structures d'ingénierie publique, qui doteront les collectivités locales des compétences requises, pour pouvoir affronter ces ingénieries financières.

Pour revenir au SEDIF, celui-ci conclura deux contrats de concession et il mettra en œuvre une nouvelle méthodologie de traitement des eaux extrêmement sophistiquée, dont personne n'a réellement besoin. En effet, dans le document qui a été présenté aux élus ce matin, M. André Santini affirme que l'eau du SEDIF est déjà la meilleure de France. Dans ce cas, pourquoi investir un milliard d'euros pour l'améliorer encore, d'autant qu'aucun document annexe reposant sur une base scientifique n'a été présenté pour justifier la pertinence de cet investissement ?

L'investissement sera porté à 35 % par le SEDIF et à 65 % par Veolia. Cependant, l'amortissement de caducité permettra à Veolia de défalquer les 700 millions d'euros investis de son impôt sur les sociétés. Il s'agit d'un point de vigilance. Le SEDIF est une vitrine, qui permettra à Veolia de faire payer à l'usager francilien, qui n'en a nul besoin, une technologie dont personne ne sait si elle fonctionne vraiment.

C'est la raison pour laquelle il est indispensable d'accroître, de façon proactive, les actions de formation des élus et de reconstituer une ingénierie publique, dont les collectivités locales pourront bénéficier.

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