En tant qu'infirmière diplômée d'État, j'ai toujours défendu le droit de vivre en bonne santé et les droits de ceux qui ne disposent pas des moyens de s'expliquer. Peu importe, selon moi, la taille d'une fédération. Seul compte l'intérêt pour le bien-être de la population guadeloupéenne.
Depuis quatre ou cinq jours, il n'arrive plus d'eau à mon domicile. Voilà le genre de situation qui interpelle la population. Ne revenons pas sur le passé. Qui a établi le cahier des charges ? Éclaircir ce point permettrait de déterminer les responsabilités des uns et des autres. Il faudrait savoir qui était le concédant. La situation actuelle est trouble. Nous entendons dans les médias tout et n'importe quoi, y compris des délations, fondées ou non. Malgré la petite taille de notre structure, nous lisons la presse. Je vous ai communiqué les informations dont je dispose pour que les autorités étatiques en prennent connaissance.
La Guadeloupe dispose de suffisamment d'eau. La ressource en tant que telle ne manque pas. Le problème vient des canalisations non entretenues. Notre association n'a eu de cesse, depuis 2014, d'alerter sur des risques de pénurie. Nous avons entrepris des démarches auprès du SIAEAG, de Cap excellence et des autres établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) pour rencontrer leurs responsables. Le directeur du SIAEAG, qui a entre-temps quitté son poste, nous a donné sa version des faits. Nous nous sommes alors aperçus que des promesses n'avaient pas été tenues. Je ne prends la défense ni du SIAEAG ni de personne d'autre.
Le système d'adduction d'eau en Guadeloupe a aujourd'hui l'âge de mon fils : cinquante-quatre ans. À l'époque de sa naissance, notre eau provenait des rivières et des cours d'eau. Je resterai terre-à-terre, c'est-à-dire proche du terrain. Des contrats ont été signés avec des sociétés privées pour l'entretien des réseaux. Seulement, ils n'ont pas été respectés. Les EPCI n'ont pas tenu compte des courriers les enjoignant à entretenir les canalisations.
Certains voudraient aujourd'hui faire passer les Guadeloupéens pour des resquilleurs, or les usagers de notre département ont toujours payé leur eau rubis sur l'ongle, même quand ils n'avaient pas de quoi manger. Les factures d'eau couvrent en principe le coût du captage de l'eau dans les cours d'eau ou les nappes phréatiques, de son stockage, de son traitement et de son acheminement jusqu'aux compteurs en location. Il existe d'ailleurs plusieurs catégories de compteurs (A, B ou C), aux durées de vie de six, neuf ou douze ans. Depuis leur installation, en même temps que la création de l'adduction d'eau, il aurait donc fallu les changer ou du moins les réétalonner, ce qui n'a pas été fait. Qui s'est rendu complice de cette incurie ?
Il s'avère impossible de faire confiance à qui que ce soit, puisque les mêmes acteurs ne cessent de revenir aux affaires, malgré les changements de nom des sociétés. Ces loups se déguisent en moutons. Franchement, les multinationales méritent-elles notre confiance ?
Il faut aller de l'avant, chercher les coupables et les faire payer, car notre argent a disparu. J'ai interpellé le Président de la République lors de sa venue, pour que nous sachions où sont passés les fonds de l'État destinés à l'eau en Guadeloupe. Ces sommes ont été détournées de leur objectif, d'où nos difficultés présentes.
L'important, à nos yeux, reste la remise aux normes du réseau, aussi bien de distribution que de production et de stockage. Qui paiera les dettes colossales qui en résulteront ? Une rumeur fait état d'un triplement du prix de l'eau. Nous ne pouvons tout de même pas payer un service public défaillant. En l'absence d'eau au robinet, nous devons acheter des bouteilles d'eau. Mais une mère de famille fera-t-elle la toilette de ses enfants avec de l'eau minérale ? L'achat d'une citerne pour collecter de l'eau de pluie m'a coûté 7 000 euros. Il s'agit d'une question de santé publique.
Les mesures de protection contre la Covid-19 supposent le lavage fréquent des mains. Comment les personnes en situation précaire pourraient-elles appliquer les gestes barrière dans de telles conditions ? De nombreux Guadeloupéens vivent du revenu de solidarité active (RSA). Il ne faut pas s'étonner de la propagation croissante du coronavirus dans notre département. Heureusement, notre population a une santé de fer, sinon, nous serions déjà tous contaminés.
Certes, il faut former les responsables des associations. Néanmoins, l'impression me vient aussi que certaines personnes profitent de leurs connaissances pour s'exprimer au nom de ceux qui se battent au quotidien. Visitent-elles les usines ? Parlent-elles à l'homme de la rue ?
Les propositions jusqu'ici adressées aux usagers ne correspondent pas à nos demandes. Nous ne réclamions pas de fauteuils rembourrés. Seulement, seuls des strapontins nous sont accordés, sur lesquels nous ne pourrons pas nous appuyer. Il s'agit là d'un manque de respect envers les petits payeurs. J'estime dommage que nous continuions à nous battre sans que la situation s'améliore. Votre commission rendra un avis grâce auquel, espérons-le, des avancées auront lieu, de manière à ce que le service public nous apporte de l'eau potable de qualité en quantité suffisante.