L'association Vivre, qui se bat contre la pollution au chlordécone, défend, conformément à ses statuts, les victimes de toutes les formes de pollution, mais aussi les biens communs, dont le plus indispensable reste l'eau, puisque la privation d'eau entraîne la mort. La Guadeloupe est confrontée au problème vital de la pollution de ses eaux et de ses terres. Cette pollution détruit la biodiversité et menace l'avenir du territoire en mettant en péril la survie de la faune et de la flore, qui participent à notre équilibre.
J'aimerais centrer mon intervention sur la dimension humaine du problème de l'eau. Les précédents débats ont porté sur la corruption, l'irresponsabilité et la délinquance administrative. Je relaierai pour ma part le témoignage de familles vivant depuis des mois sans eau, en proie à une souffrance insupportable. Certaines doivent parcourir des kilomètres pour se procurer de l'eau. Leurs conditions de vie les rendent neurasthéniques. Leur santé mentale et leur équilibre familial s'en ressent. Beaucoup paient pour des logements qu'ils n'occupent plus, contraints, par leurs problèmes d'eau, de se réfugier dans des appartements dont la taille ne convient pas à la composition de leur foyer.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à la déchéance qui menace notre société. Sans sombrer dans le catastrophisme, de nombreuses personnes perdent l'essence même de leur quotidien. Chaque jour, elles se lèvent aux aurores pour courir derrière un filet d'eau. D'autres parcourent des kilomètres pour nourrir leur famille. La décadence de leur vie entière se traduit par des maladies et des conduites de dépendance.
Ajoutons à cela la fragilité financière de ceux qui doivent s'endetter pour se procurer de l'eau. La pénurie d'eau et la pollution de l'eau affectent surtout les ménages les plus défavorisés. D'une part, leurs revenus ne leur permettent pas de régler des factures exorbitantes. D'autre part, ils s'avèrent plus vulnérables aux risques sanitaires.
Cette situation, qui dégrade la population de la Guadeloupe, ne peut plus durer. L'association Vivre adresse un cri d'alerte aux responsables. Nous comptons sur votre commission pour que ceux-ci s'attaquent au problème et, passant outre les querelles et l'entre-soi politiques, accordent enfin la priorité au traitement de cette souffrance.