Intervention de Patricia Chatenay-Rivauday

Réunion du mardi 8 juin 2021 à 16h00
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Patricia Chatenay-Rivauday, présidente de l'Association Vivre :

Dès sa création en 2018, notre association s'est donné pour cheval de bataille la pollution scandaleuse, notamment causée par les pesticides, qui empoisonnent la faune et la flore de l'archipel guadeloupéen au détriment de la biodiversité.

Nous avons initié à ce propos plusieurs procédures en cours contre l'État français, qui nie ses responsabilités. En septembre 2019, le Président de la République a commis une grave offense en niant, devant un parterre de responsables en Martinique, tout lien de causalité entre le chlordécone et les cancers de la prostate, malgré les nombreuses études publiées par le Pr Blanchet et le Pr Multigner. L'empoisonnement latent au chlordécone touche tout le peuple de la Martinique et de la Guadeloupe. Nous allons encore le subir pendant six cents ans alors que nous sommes déjà condamnés à payer pour la cause de notre souffrance. Des études établissent des corrélations entre le chlordécone et le cancer du sein, l'endométriose, la stérilité et toutes sortes de maladies, métaboliques et autres.

Malgré tout, l'idée nous est peu à peu imposée que les plans chlordécone I, II, III et IV ont déjà beaucoup œuvré en notre faveur et que nous devrions donc nous en satisfaire. C'est inadmissible. Les 92 millions d'euros débloqués à l'intention des 700 000 habitants des deux îles sur une durée de sept ans ne représentent qu'une somme annuelle de 17 euros par personne. En outre, ces 92 millions ont été versés par les contribuables c'est-à-dire nous-mêmes. Malgré tout, nous passons pour trop exigeants, alors même que nous n'obtenons que des miettes.

Un procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris a déclaré que nous devions nous attendre à une prescription de la procédure en cours depuis quatorze ans. Nous avons lancé une action collective conjointe avec 2 300 personnes au titre du préjudice d'anxiété. Nous avions choisi un autre recours que la voie pénale. Le plan chlordécone IV n'est qu'un leurre. Il nous délivre une somme ne correspondant à rien de tangible. Nous n'avons pas obtenu la recherche de chlordécone chez la population, contrairement à ce qui a été dit, car cette recherche ne concerne que le public vulnérable des ouvriers agricoles. Il faut écouter les témoignages de ces hommes frappés de graves maladies métaboliques et penser aux défunts, mais aussi à leurs héritiers dans des situations catastrophiques. Certains ont perdu leur exploitation, et donc, leur activité économique. La justice en a condamné d'autres, dans l'impossibilité de rembourser leurs dettes.

Ces faits n'apparaissent nulle part dans le plan chlordécone IV, qui ne prévoit que des mesures génériques. Les dépistages du chlordécone dans les laboratoires d'analyse sont réservés aux personnes vulnérables or, tous les jours, la presse publie des communiqués informant de la contamination de l'eau dans telle ou telle commune. L'un de ces communiqués, rocambolesque, déconseillait aux femmes enceintes et aux enfants d'en boire, impliquant que le reste de la population pouvait, lui, se laisser contaminer.

Quand le scandale de la pollution au glyphosate éclatera enfin, il faudra parler de l'effet cocktail généré par l'accumulation des polluants sur notre territoire, à l'impact mortifère sur la qualité de notre santé.

Le plan chlordécone IV n'a pas pris en compte la récente étude sur les effets des interactions entre le glyphosate et le chlordécone.

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