Intervention de Dominique Virassamy

Réunion du mardi 8 juin 2021 à 18h20
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Dominique Virassamy, président de l'association Sauvez notre entreprise guadeloupéenne (SNEG) :

D'abord, je salue la solidité des chefs d'entreprise de la Guadeloupe, confrontée à divers aléas : les sargasses, les cyclones, le travail dissimulé, la violence, la délinquance, les trafics en tous genres, l'évasion fiscale etc. S'y ajoutent maintenant les problèmes d'eau.

À chaque coupure d'eau, les chefs d'entreprise se voient contraints de fermer leur outil de travail ; d'une part, parce que l'eau n'arrive plus aux sanitaires, et d'autre part, du fait que l'eau entre dans la composition ou la fabrication de leurs produits. Ces chefs d'entreprise doivent dès lors libérer leur personnel, tout en continuant à payer leur salaire, l'électricité, l'abonnement à l'eau, les cotisations sociales, les frais bancaires et les impôts, alors même qu'ils ne perçoivent plus de recettes.

En 2018, nous avons comptabilisé 117 jours de coupure et, en 2019, un peu plus de 100. Dans ces conditions, l'entrepreneur ne peut plus assumer ses obligations. Ces coupures sont reconnues comme des dommages subis par l'entreprise, or tout dommage doit être en principe réparé. Pour l'instant, nous n'avons pas encore traîné devant les tribunaux les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), malgré leur engagement, par un contrat signé avec l'usager, à livrer de l'eau de qualité en quantité. Je comprends l'attitude des EPCI puisque, pour réparer les tuyaux, il faut bien couper l'eau. Seulement, le préjudice subi par les chefs d'entreprise n'est pas pris en compte.

Un restaurateur de Saint-François a démontré qu'en 2019, il avait perdu près de 40 000 euros de chiffre d'affaires en raison des coupures d'eau. Une société de fabrication de condiments au bord du dépôt de bilan n'a été sauvée que grâce au préfet M. Philippe Gustin, contraint, dans l'urgence, de trouver une solution pour lui fournir de l'eau.

Trois questions me taraudent. Quand, dans de telles conditions, un chef d'entreprise peut-il générer des bénéfices ? Pouvons-nous promouvoir la Guadeloupe en tant que destination touristique alors que l'eau n'arrive pas dans les hébergements saisonniers ? Quelle qualité de service peut fournir un infirmier à domicile lorsqu'il n'est pas en mesure d'assurer les toilettes des malades ?

Je reviendrai tout à l'heure sur l'incohérence de la facturation de l'eau.

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