Intervention de Didier Vallon

Réunion du vendredi 11 juin 2021 à 14h00
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Didier Vallon, directeur outre-mer de Suez eau France :

À mon poste actuel depuis dix ans, je préside Karukér'Ô, la filiale guadeloupéenne de Suez, créée en 2018. Notre groupe n'assure de services essentiels en Guadeloupe que depuis le rachat de Nantaise des eaux services.

Nous gérons quatre contrats en Guadeloupe :

– les délégations de service public (DSP) d'eau et d'assainissement de Marie-Galante,

– un contrat avec le conseil départemental, nous engageant à livrer de l'eau brute à des milliers d'irrigants et à différents établissements publics de coopération intercommunale (EPCI),

– une DSP d'assainissement avec la communauté d'agglomération du Nord Basse-Terre (CANBT).

Ces contrats se déroulent bien sur le plan technique. Le rendement du réseau de Marie-Galante est passé de moins de 45 % à notre arrivée à plus de 65 % aujourd'hui. Le rendement du réseau que nous gérons pour le conseil départemental est quant à lui supérieur à 85 %.

Le taux d'impayés affecte toutefois profondément l'équilibre économique de nos services. Je remercie nos collectivités délégantes, et en particulier le conseil départemental, pour leur accompagnement. Le montant de nos impayés en Guadeloupe dépasse à ce jour notre chiffre d'affaires annuel.

Je vous donnerai deux exemples de l'engagement ultra-marin de Suez et de ses collaborateurs. En 2020, l'État nous a sollicités pour une mission d'assistance technique opérationnelle, qui s'est terminée à la fin de l'année dernière, dans le cadre du plan d'urgence Eau Guadeloupe. La mobilisation de 35 experts a produit des résultats. Différentes installations ont été remises en état et plus de 4 000 fuites, détectées et réparées. Même si la situation n'est pas encore revenue à la normale, les tours d'eau sont désormais mieux maîtrisés.

La région, à son tour, nous a confié une mission d'assistance technique opérationnelle similaire en attendant la création effective du syndicat mixte ouvert (SMO).

En Martinique, malgré un stress hydrique historique, nous avons, cette année, réussi à préserver la continuité du service d'eau potable dans les deux agglomérations où nous sommes présents, grâce à une implication sans faille de nos équipes, engagées dans la détection et la réparation des fuites sur le terrain. Il n'en est pas allé de même dans le centre de la Martinique où nous n'intervenons pas.

La situation actuelle de l'eau est insupportable et inacceptable pour une bonne part de la population guadeloupéenne.

La création du SMO nous paraît importante pour améliorer la gestion des interfaces entre les différents acteurs, et définir une politique globale, notamment patrimoniale, de l'eau et de l'assainissement, sans oublier les financements qui l'accompagnent.

Au-delà des nécessaires programmes d'investissement, dont la compétence incombe aux collectivités, la priorité doit aller à la qualité de l'exploitation, et donc aux outils et moyens, notamment financiers, nécessaires pour l'assurer, en particulier pendant la phase de rétablissement des niveaux de service.

Nous nous tenons prêts à contribuer à l'effort de remise à niveau du service public de l'eau potable en Guadeloupe, et nous montrons enthousiastes à l'idée de développer des modèles contractuels innovants.

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