Intervention de Frédéric Certain

Réunion du vendredi 11 juin 2021 à 15h45
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Frédéric Certain, ancien président de la Générale des eaux Guadeloupe :

Le terme d'indemnité ne saurait s'appliquer aux 14 millions d'euros que vous évoquez. L'accord de décembre 2014 a conclu un mouvement de grève extrêmement difficile, qui a marqué l'ensemble de l'île, à la veille des fêtes de Noël, impactant la distribution d'eau de toute la population. Ceux qui l'ont vécu s'en souviendront.

Il fallait trouver une solution. Le SIAEAG nous avait demandé, par trois fois, les deux années précédentes, de rester en Guadeloupe et de l'accompagner dans la distribution du service. Nous avions pourtant dit, dès 2013, qu'au terme de notre contrat, nous ne voulions plus travailler dans les conditions qui nous étaient imposées, sans les renouvellements que nous souhaitions. Face à l'insistance du SIAEAG, nous avons, par trois fois, dû signer une prolongation de notre contrat, qui devait donner lieu, au moins, au paiement de notre activité. Alors même qu'il approuvait nos factures, le SIAEAG a malgré tout cessé de payer la Générale des eaux. Les 14 millions d'euros résultent de l'exécution d'un droit et correspondent au montant de ces factures approuvées mais non réglées.

Nous avons accepté de ne pas réclamer les valeurs abandonnées au SIAEAG, d'un montant pourtant supérieur à 14 millions d'euros. La clause de non-poursuite a résulté de négociations sous la vigilance de M. le préfet Billant et d'élus.

La Générale des eaux n'a pas pris la décision de partir de gaieté de cœur. Nous avons opéré en Guadeloupe un peu plus de cinquante ans. Nous avons apporté de l'eau dans des territoires où il n'y en avait pas. Notre présence, légitime, s'appuyait sur une histoire. Nous avions d'excellentes relations avec un grand nombre d'acteurs, à l'exception du SIAEAG, la structure de laquelle nous dépendions essentiellement.

Une entreprise s'appuie à la fois sur ses actionnaires, ses salariés et ses usagers. Sur le plan financier, nous avons consenti à des efforts considérables. Le cumul de nos pertes, de 2008 à 2017, atteint 120 millions d'euros. Une plus petite société aurait-elle pu supporter des pertes d'un tel niveau ? Nous avons estimé, à un moment donné, qu'elles devaient cesser.

Le terme de balkanisation a été employé à juste titre à propos du démembrement du SIAEAG et des conflits en son sein. Les usagers méritaient beaucoup mieux. Il me paraît rassurant de revenir à un syndicat qui réunira l'ensemble des acteurs de l'eau.

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