Intervention de Victorin Lurel

Réunion du mercredi 16 juin 2021 à 15h15
Commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, ancien ministre des Outre-mer :

Elle voulait accaparer le pouvoir. Il est difficile de travailler avec quelqu'un qui a toujours raison à propos de tout. Elle exerçait en outre un chantage, du fait que Capesterre-Belle-Eau se situait dans sa communauté d'agglomération. Les tuyaux en plus mauvais état de tout le réseau guadeloupéen se trouvent à Capesterre, d'où provient pourtant la ressource.

Je comprends que les usagers, excédés, aient décidé de ne plus payer l'eau. M. Paran a quand même mené sa campagne électorale de main de maître.

La priorité absolue aurait dû aller à la réparation des tuyaux. Aujourd'hui, la région a choisi Karuker'Ô pour réparer je ne sais combien de kilomètres de canalisations afin de mieux protéger les captages. Ce travail n'a pas été mené selon une programmation intelligente. Malgré l'argent investi par les collectivités, l'impression vient que seules des rustines sont posées et qu'il faudrait une transformation plus profonde.

Les élus ont tous été défaillants. Même si je ne me suis pas occupé de l'eau, en tant qu'élu, je porte ma part de responsabilité. L'État a toutefois été en dessous de tout, et cela continue. Ses représentants se retranchent derrière l'attribution de la compétence en eau aux collectivités locales. À les entendre, ils n'ont rien à voir, car « l'eau doit payer l'eau ». Or, à l'époque, avant la décentralisation, l'État se chargeait du contrôle de légalité.

Il demande à présent à la région et au département, dont ce n'est pourtant pas le rôle, de cofinancer à hauteur de 25 % chacun les investissements dans le domaine de l'eau. Cela ne le gêne donc pas de porter atteinte à la libre administration territoriale.

Quand nous financions le système de l'eau, alors même que la clause générale de compétence l'interdisait, l'État fermait les yeux.

L'État n'a pas fait son travail. Il entretenait une relation de proximité avec Suez et la Générale des eaux, pour ne pas parler d'endogamie. Il s'agit là de pratiques coloniales. Lors de mon élection au conseil régional, j'ai reçu une invitation à la préfecture. Aucun Guadeloupéen n'était présent, à part moi. Ceux qui dirigeaient notre territoire venaient tous de métropole.

Les comptes rendus techniques et financiers indiquaient des problèmes d'efficacité du réseau d'eau, mais personne ne s'en souciait, car personne ne les lisait. Peu d'élus connaissent le cahier des charges de la délégation de service public (DSP).

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