Je ne crois pas que quiconque ait eu le désir d'étouffer cette affaire. Je répète que j'estime que, de manière générale, il existe une tendance lourde de la presse à se saisir de la folie comme excuse aux attentats islamistes afin de ne pas alimenter ce que d'aucuns considèrent comme l'islamophobie. C'est une tendance lourde, politique et médiatique.
L'affaire Halimi survient en effet dans le contexte particulier de la campagne présidentielle. D'aucuns ont peut-être pensé que ce fait tragique pouvait favoriser une candidate par rapport à un candidat. Je me souviens qu'en avril, le CRIF lui-même a publié un communiqué assez lénifiant. La position de la communauté juive organisée, et indépendamment du contexte culturel dans lequel j'ai décidé de me situer devant vous, pourrait expliquer cette torpeur médiatique particulière de la presse généraliste qui rejoint cette tendance de psychiatrisation des islamistes.
S'agissant de la préméditation, je n'ai pas d'avis tranché. Dans un premier temps, la sœur de Traoré a déclaré qu'il avait un comportement étrange et qu'il aurait dit : « Ce soir, tout sera fini », ce qui confirmerait la préméditation. Ensuite, elle est revenue sur ses déclarations.
Je ne suis pas dans une jubilation intellectuelle ou politique qui consiste à considérer que, de manière préméditée, les islamistes veulent tuer des juifs. Je me situe dans le réel. Je ne me sens pas autorisé à faire mienne de manière certaine la thèse de la préméditation qui, au demeurant, peut se défendre, mais je ne dispose d'aucun élément qui me permette d'en avoir la certitude.