Il ne s'en est pas caché : il l'a dit durant l'instruction, et l'a redit en pleine audience à la chambre de l'instruction. Je l'ai questionné à ce sujet : il a indiqué s'être rendu presque tous les jours à cette mosquée depuis trois mois avant son passage à l'acte.
Il a notamment décrit avoir été aspergé d'eau la veille à la mosquée par une personne à laquelle il a récité des sourates et qui lui a récité des sourates également. La juge d'instruction et les enquêteurs y ont malheureusement vu une « séance d'exorcisme ». Ce n'en est pas une. C'est une préparation typique à un attentat terroriste, que l'on retrouve avant de nombreux autres passages à l'acte. Ces cérémonies sont connues par toutes les personnes qui travaillent sur ces attentats.
Le caractère antisémite du crime est également attesté par les cris d'« Allahu akbar » poussés par Kobili Traoré, par la scène de crime en elle-même et surtout par les constatations du médecin légiste. J'avais également représenté les parties civiles dans l'affaire Ilan Halimi. L'expert Franz Prosper y avait expliqué que scotcher le visage d'Ilan visait à gommer toute son humanité. Depuis, nous avons retrouvé cette même volonté de gommer les traits du visage dans toutes les affaires à caractère antisémite, qu'il s'agisse d'agressions physiques ou d'assassinats. Le médecin légiste a diagnostiqué des blessures innombrables au visage de Sarah Halimi. Surtout, les enquêteurs n'ont pas été à même de l'identifier. Ils l'ont prise pour une personne d'origine asiatique, tant son visage était tuméfié par les coups qu'elle avait reçus (et non par sa chute).