Intervention de Muriel Ouaknine Melki

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 16h05
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Muriel Ouaknine Melki, avocate au barreau de Paris :

Le 14 avril 2017, la juge ne connaît que peu d'avocats, hormis Me Buchinger. Surtout, ce n'est pas elle qui prend le réquisitoire introductif, mais le procureur, qui ne retient pas la circonstance aggravante, parce qu'il ne voit pas de raison d'enquêter sur un crime antisémite. Il faut rappeler que, le 7 avril 2017, soit 3 jours après les faits, un communiqué des institutions juives avait nié tout caractère antisémite à ce crime. Ce communiqué n'avait aucun caractère juridique et ne pouvait pas être informé du dossier à ce stade, de sorte qu'il ne saurait justifier la décision du procureur. Toutefois, il permet peut-être de la comprendre.

Pourquoi cependant, après de longs mois, et alors que le caractère antisémite de l'acte est désormais plus qu'avéré, la juge refuse-t-elle encore d'enquêter, de chercher la vérité, et de reconnaître la circonstance aggravante d'antisémitisme ? Il faudra encore plusieurs mois pour qu'elle accepte de la reconnaître, avec bien des réticences, et elle finira par la retirer en adressant le dossier à la chambre de l'instruction .

Nos relations avec cette magistrate ont d'abord été cordiales. Nous avons été reçus d'autant plus volontiers que nous représentions la partie civile, donc les victimes. Après plusieurs années de barreau l'un comme l'autre, nous n'avons pas de difficultés relationnelles avec la magistrature. La situation va toutefois se crisper progressivement. Nous serons surtout très gênés lors de la seule audition qui sera accordée par le juge d'instruction à notre client, qui fera à cette fin le voyage depuis Israël, mais pour lequel elle ne montrera à l'évidence aucune empathie. Lorsqu'il lui transmet des photographies de sa sœur, comme c'est l'usage dans tous les dossiers (pour que les seules photographies disponibles ne soient pas celles du médecin légiste), la magistrate les fait passer à sa greffière sans les regarder, et tout le monde s'en rend compte, notamment M. Attal.

Lorsqu'ensuite nous sommes revenus demander une reconstitution auprès de cette magistrate, les termes qu'elle a utilisés pour nous éconduire étaient particulièrement choquants et à partir de ce moment la porte de son cabinet nous a été fermée.

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