Cette reconstitution a été demandée par presque tous les avocats du dossier. En matière criminelle, elle a lieu dans 95 % des cas, mais elle n'est pas de droit. Nous l'avons demandée simplement pour résoudre certaines des incohérences du dossier, et conduire la juge à envisager la préméditation. Kobili Traoré disait notamment avoir vu le balcon de Sarah Halimi ouvert en pleine nuit, ce qui nous semblait impossible. La reconstitution était également nécessaire pour comprendre l'intervention des forces de police.
La juge d'instruction a dans un premier temps prétexté que, Kobili Traoré ayant reconnu être coupable (mais pas responsable) des faits qui lui étaient reprochés, cette reconstitution n'avait pas d'intérêt. Dans un deuxième temps, elle a indiqué avoir peur que, lors du passage d'un balcon à un autre, Kobili Traoré, trop instable psychiquement, se jette par la fenêtre. Pourtant, il est fréquent de demander à un officier de police de jouer le rôle d'une personne lors des reconstitutions. Nous lui avons suggéré cette possibilité, qui nous a été refusée également.
Nous avons fait appel de ce refus, et nous avons longuement plaidé en chambre de l'instruction sur la nécessité de cette reconstitution. Les mémoires que nous avions fournis à cet égard étaient d'une précision et d'une clarté qui ne laissaient aucune place à un nouveau refus. Le parquet, qui était présent à l'audience, Kobili Traoré lui-même, son avocat, et l'expert psychiatre : tous étaient d'accord pour cette reconstitution. Les trois magistrats ont pourtant repris mot pour mot la motivation de la juge d'instruction, indiquant que ce n'était pas un acte « utile à la manifestation de la vérité », puisque Kobili Traoré avait reconnu les faits, et qu'il existait un risque de décompensation. Nous n'avons donc pas obtenu cette reconstitution, qui aurait pourtant tout changé, surtout pour M. Attal.