Je ne suis pas là pour répondre de ses intentions. Plusieurs questions se posent. Lorsque la victime est juive, on minimise les faits. Lorsqu'il s'agit d'un enseignant ou d'un prêtre, on en fait à juste titre une urgence nationale. Il faut lui demander pourquoi. La justice s'est-elle donnée pour rôle de protéger la communauté musulmane contre les éventuels débordements et revendications de la communauté juive ? Ce serait extrêmement grave.
De la préméditation au passage à l'acte, Kobili Traoré a effectué une série d'actes extrêmement déterminés, et qui nécessitent une pleine acuité intellectuelle : passer d'un balcon à l'autre, torturer Sarah Halimi pendant plus de 10 minutes, échanger avec les policiers présents dans la cour, etc. Les propos qu'il tient avec plusieurs témoins ne témoignent pas davantage d'une création délirante. Il retourne ensuite chez les Diarra pour attendre 30 minutes sur un canapé son interpellation tranquillement. De 5 heures 30 à 10 heures du matin, il reste calmement menotté sur le banc d'un commissariat avant de se plaindre d'un manque d'attention. À 14 heures, il est amené à l'Hôtel-Dieu pour subir deux types d'examens : un examen physique, d'abord, qui inclut des radios ; un examen psychiatrique, ensuite, mené par un jeune psychiatre de 27 ans qui, sans aucune motivation, estimera que son état est incompatible avec une garde à vue. Comment peut-il alors l'être avec le passage d'une radio ? Nous nous sommes entretenus avec ce psychiatre : il ne se souvient plus avoir vu Kobili Traoré.
Selon moi, le comportement de Kobili Traoré n'est délirant que par simulation. Il est extrêmement rationnel, déterminé et prémédité du début à la fin de la séquence.