Intervention de N

Réunion du mercredi 3 novembre 2021 à 16h40
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

N :

Concernant l'intervention immédiate et le bénéfice de la vitesse, il est évident que plus nous pourrons aller vite et en sécurité et plus nous le ferons. Tous les jours, des policiers pratiquent des milliers d'interventions de flagrant-délit. Lorsqu'une agression se produit, ils interviennent. En revanche dans le cas d'une situation bloquée avec un risque vital pour les personnes – puisqu'il y a déjà eu un meurtre dans cette affaire – nous savons que la personne est violente et dangereuse. Il ne s'agit donc pas de faire n'importe quoi. Il s'agit de monter l'opération en réfléchissant de façon pertinente. Cela ne signifie pas perdre du temps, mais parfois dans l'organisation les étapes à mener prennent un certain temps. Ce temps est indispensable. À défaut, le risque que nous ferions courir aux gens pourrait être supérieur aux bénéfices, à un instant T. Bien entendu, si les gens commencent à crier au secours et que l'individu est à leur contact, nous intervenons. Les collègues interviennent dans ce cas avec leurs moyens. Peut-être auront-ils des difficultés à ouvrir la porte. S'ils ont une clé, c'est mieux. S'ils entrent, peut-être l'individu s'en prendra-t-il aux personnes avec un couteau ou autre, ou tentera de les défenestrer. Voyez-vous, tel est le genre de calcul que nous effectuons.

En somme, nous faisons une arborescence des situations et prenons nos décisions en fonction. En revanche, nous ne pouvons pas nous précipiter tête baissée. Des policiers très expérimentés doivent être capables d'évaluer, avant même mon arrivée sur place, s'il est nécessaire d'intervenir immédiatement ou s'il est préférable d'attendre pour faire baisser le niveau de risque. En l'espèce, intervenir dans cet appartement sans lot de sauvetage installé en bas, c'est prendre le risque d'une défenestration ou que quelqu'un soit tué. C'est aussi simple que cela. Pour l'affaire de la famille Diarra, il convenait donc d'évaluer le niveau de risque et de prendre une décision en conséquence.

Concernant la communication, il faudrait que tous les policiers travaillent sur une seule et même conférence radio pour avoir la même information. C'est la seule condition pour que chacun dispose du même niveau de connaissance. L'inconvénient pourrait être d'entraîner rapidement une cacophonie dans toute la zone de défense, rendant difficile le tri d'information.

En tant que chef du service de nuit de l'agglomération par intérim, j'ai une écoute sur la conférence de l'agglomération, c'est-à-dire la conférence à compétence zonale sur la zone de défense. Les communications sur cette conférence sont brèves et limitées. Si tous les policiers parlaient sur la même conférence, il s'agirait d'une cacophonie impossible à suivre matériellement. C'est pourquoi nous sommes obligés de diviser les conférences en appréciant le juste niveau, soit par arrondissement, district ou département. Les choix sont opérés selon l'expérience des policiers, en fonction de la densité de population sur un secteur et du nombre d'appels. Dans cette organisation, il peut arriver que certaines informations passées sur une conférence radio, ne passent pas sur celle d'à côté. C'est pour cette raison que les informations ne sont pas diffusées immédiatement car elles doivent être répercutées par un opérateur qui entend la conférence A et la conférence B.

Il est rare que des policiers présents sur une intervention ne soient pas informés d'une situation se déroulant à côté, mais cela peut arriver. Dans le 93, il avait été procédé à un redécoupage des conférences entre le district d'Aubervilliers et celui de Pantin. La nationale 2 se trouvait entre les deux. Or le bassin de délinquance couvre les deux communes. Pendant plusieurs nuits, nous avons constaté que des affaires se déroulaient d'un côté, sans que nous soyons au courant de l'autre. C'est pourquoi très rapidement, nous sommes revenus au système ancien. Il peut donc arriver que des fréquences radio mal découpées occasionnent des difficultés. Nous ne sommes pas toujours au courant de toutes les affaires qui se déroulent au même moment sur le territoire. Nos états-majors communiquent avec nous par radio.

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