Concernant la conférence d'intervention pour les collègues sur place, elle n'était pas vraiment nécessaire. Je me suis rendu sur les lieux pour être au contact physique avec les policiers que vous avez auditionnés et les gens de la BAC 75 de nuit, car il est plus facile de passer les ordres à la voix. J'ai retranscrit ces mêmes ordres par radio à l'intention de la salle, pour qu'elle puisse tenir un chronomètre des opérations menées. Le problème ne réside pas là. À mon arrivée, les collègues locaux et les policiers de la BAC 75 N m'ont fait un compte rendu rapide de la situation. Nous n'avons donc pas perdu de temps à cet égard. Le découpage d'une fréquence à l'extrême pour vingt-six personnes (dans une sorte de système de talkie-walkie ) pourrait être utile pour passer des informations uniquement sur l'intervention. En revanche, il est préférable que la mise en place de l'opération elle-même intervienne par la conférence de travail habituelle, pour que la salle entende. Une conférence pour les vingt-six policiers uniquement n'aurait pas apporté grand-chose car tout le monde était en contact sur le terrain.
À la question de savoir si nous pourrions changer quelque chose à l'avenir, je vais peut-être vous décevoir. Je rencontre des difficultés à imaginer, avec les informations dont nous disposions, comment il nous aurait été possible d'agir différemment. Que des témoins voient une situation, c'est possible. Cependant lorsque l'appel est adressé au 17, il n'est pas toujours aisé d'en comprendre la teneur. Les gens se trouvent souvent dans une grande panique, et parfois ils sont dans la confusion. La situation est différente quand ces mêmes personnes se trouvent auditionnées, bien plus tard, dans un bureau de la police judiciaire et qu'elles affirment avoir appelé la police. Il est vrai qu'elles l'ont fait, mais au moment de l'appel, leurs propos étaient-ils réellement exploitables ? Je continue à penser que si les informations avaient été exploitables, elles auraient été immédiatement exploitées.
Si nous avions eu une chance de sauver Mme Halimi, nous nous y serions tous attelé. Nous n'avons pas eu cette information, même si des personnes ont vu des choses. La teneur des propos rapportés ne m'est pas connue. Selon moi, les personnes destinataires de l'information ont fait du mieux qu'elles le pouvaient, avec les moyens dont elles disposaient.
En revanche, l'idée du réseau dirigé que j'évoquais précédemment, est très importante. Cette mesure, qui a déjà été prise, est de nature à favoriser la circulation de l'information. Désormais, nous disposons d'une salle radio unique, avec les conférences de district effectuées physiquement au même endroit que la salle qui m'a mis en mouvement. Par conséquent, les signaux faibles pourront sans doute remonter plus rapidement puisque les occupants de cette salle se trouvent en proximité les uns des autres.