M. le commissaire, nous entendons vraiment tout ce que vous nous dites, et comprenons qu'il est difficile de réécrire l'histoire. Je suppose que c'est le message que vous tentez de nous transmettre. Néanmoins, nos questions sont motivées par la contradiction existant, d'une part entre des témoins, qui disent avoir tout entendu, voire tout vu, et d'autre part, les hommes présents sur le terrain, qui ne voient pas ni n'entendent. Nous nous demandons alors comment il est possible que deux situations totalement différentes et parallèles coexistent sur le même terrain, en ce même lieu et en ce même temps.
Quand nous vous écoutons, de même que vos collègues précédemment, nous entendons régulièrement employer les termes de « concentration », « protocole », « remontée d'information » et d'« action en fonction de ces informations ». Pensez-vous qu'à l'époque (ou aujourd'hui si une évolution s'est produite) les mécanismes de fonctionnement, les protocoles par lesquels vous évaluez les situations, laissent de la place à l'instinct, à la compréhension et la lecture de l'environnement, et à l'évolution instinctive des hommes sur place pour passer d'une situation à une autre conformément à un ressenti ? Finalement, les témoins ont transmis du ressenti, par comparaison avec ce que les hommes de terrain n'avaient pas, c'est-à-dire l'information.