Intervention de Dr Daniel Zagury

Réunion du mardi 9 novembre 2021 à 17h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Dr Daniel Zagury, psychiatre :

J'ai été interrogé d'un point de vue psychiatrique et c'est sur ce plan que j'ai répondu. Ensuite, des précisions m'ont été demandées sur les bouffées délirantes et les propos de M. Kobili Traoré indiquant qu'il s'agissait d'un suicide. Pour le commun des mortels, il demeure difficile de concevoir que, bien que subissant une affection psychiatrique irrécusable, le sujet demeurait dans le même monde que nous. La première erreur est d'accorder trop de raisonnement et de logique à ses propos. Le sujet peut tenir ce type de propos tout en vivant une bouffée délirante. La rationalité d'une telle parole dans ce contexte reste problématique. Pour reprendre les propos d'un collègue : « Le délirant ne boit pas du Coca-cola par l'oreille. » Y compris dans l'état le plus pathologique, il peut y avoir des actes à peu près coordonnés.

Il me semble que l'une des difficultés rencontrées dans cette affaire est celle de se représenter en même temps l'existence de troubles sévères et le maintien de facteurs qui ne relèvent pas de la maladie. L'antisémitisme, la possible radicalisation, des préoccupations religieuses, la préparation de l'acte, une intrication de facteurs religieux et délirants sont tous présents dans cette affaire. Ce n'est pas parce que le sujet est délirant qu'il n'est pas nécessaire d'interroger ces facteurs lors d'une instruction. Il faut tenir compte de la réalité de la pathologie, qui n'est pas incompatible avec un certain nombre de questionnements. Quelle que soit l'hypothèse échafaudée, nous devons tenir compte de ce tableau psychiatrique irrécusable. La question demeure de savoir si un état pathologique subi est du même ordre qu'un état pathologique provoqué.

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