Il y a quinze ans, j'ai été expert dans l'affaire Sébastien Selam que vous évoquiez. J'ai alors eu une formule malheureuse : « Ce n'est pas un crime antisémite, mais un crime délirant. » Le délirant s'abreuve de l'antisémitisme, mais la vague délirante dominait. L'antisémitisme était secondaire par rapport à l'importance du délire. Dans le cas de M. Kobili Traoré, il existe une part d'indétermination. En effet, je ne dispose ni des outils ni des arguments pour indiquer qu'il avait un préjugé antisémite à l'origine de sa phase délirante ou qu'il s'agissait d'un antisémitisme qui a perduré pendant la bouffée délirante. Je ne peux pas trancher. L'expert se plonge dans un dossier et lit dans la presse que la question de l'antisémitisme est soulevée, mais pas pour son expertise. Il m'a semblé important de m'interroger sur l'antisémitisme. En toute hypothèse, il s'agit d'un crime délirant et antisémite. Je ne peux toutefois pas statuer sur la profondeur du sentiment antisémite.