Intervention de Ariel Goldmann

Réunion du mardi 9 novembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Ariel Goldmann, président de la Fondation du judaïsme français, président du Fonds social juif unifié :

Mon descriptif sera factuel et s'arrêtera au début de l'instruction, car je n'ai pas participé à ce dossier. Avant l'affaire dite Sarah Halimi, le 23 mars 2017, une rumeur circule sur les réseaux sociaux concernant des profanations au cimetière de Pantin. On s'aperçoit qu'il s'agit en réalité d'un camion de la ville de Paris. Cette dernière communique, mais l'opinion publique a le sentiment qu'on lui cache des choses. L'assassinat de Sarah Halimi a lieu le 4 avril 2017. La rumeur de ce meurtre court rapidement sur les réseaux. Nous nous interrogeons immédiatement et nous nous remémorons une affaire, passée sous silence en 2003, celle de Sébastien Selam, dont le mode opératoire ressemblait étrangement à celui du meurtre de Sarah Halimi. Nous demandons un rendez-vous au procureur de Paris, François Molins. Il nous reçoit le 7 avril 2017. Nous souhaitons lui faire part de la vive émotion suscitée par ce drame et partager avec lui les interrogations qui l'accompagnent.

Un communiqué de presse commun à toutes les institutions centrales de la communauté juive est publié. Nous signalons qu'un juge d'instruction sera rapidement désigné et que, selon les premiers témoignages, rien ne permet de retenir ni d'exclure le caractère antisémite de ce crime. Nous rapportons là les propos des magistrats. Nous ne nous focalisons pas sur le caractère psychiatrique de l'individu, bien que nous sachions qu'il a été placé rapidement en milieu psychiatrique. Nous nous concentrons sur le caractère antisémite de ce meurtre. Pour nous, il n'existe aucun doute. Le caractère antisémite, malgré l'absence de procès, a été reconnu beaucoup plus tard, en février 2018, par la juge d'instruction. Ainsi, entre avril 2017 et février 2018, les membres de la communauté juive ont été proactifs. La question de la psychiatrie se posera beaucoup plus tard. Pour ma part, je n'ai pris connaissance du caractère psychiatrique de cette affaire que par l'intermédiaire des médias et des avocats chargés du dossier.

Ainsi, si les représentants de la communauté juive se sont focalisés rapidement sur le caractère antisémite, la réaction des autorités judiciaires et de la police aura été plus prudente. Il aura fallu plus d'un an et demi à la juge pour reconnaître le caractère antisémite de ce meurtre, qui n'a plus été démenti par la suite.

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