J'espère que ce ne sont pas nos demandes réitérées qui ont permis la reconnaissance de cette évidence par le magistrat instructeur. Le 12 juin 2017, une expertise évoque déjà le caractère antisémite du meurtre. La question sous-jacente est celle de la construction des préjugés. Nous subissons constamment le préjugé selon lequel les personnes juives seraient riches. Or le président du Fonds social juif unifié peut témoigner des 30 000 personnes juives sous le seuil de pauvreté que nous aidons chaque année.
Récemment, dans le département de la Seine–Saint-Denis, un homme de 83 ans et une femme de 79 ont été agressés et molestés parce que Juifs. Sans changer la loi, la question demeure de comprendre pourquoi autant de temps est nécessaire à la reconnaissance du caractère antisémite d'un acte. Pourquoi du 12 juin au 27 février, la magistrate ne nomme-t-elle pas l'évidence ? Si un skinhead avait agressé et tué Mme Sarah Halimi, le temps de latence aurait-il été identique ? Nous sommes face à des éléments qui touchent à l'identité de notre société. Nous ne pouvons pas lutter contre les violences si nous n'avons pas les mots justes. Il est nécessaire de combattre la construction des préjugés dans la société. Une autre question demeure : pourquoi n'y a-t-il pas eu de reconstitution des faits ?