Intervention de Grand rabbin Haïm Korsia

Réunion du mardi 9 novembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Grand rabbin Haïm Korsia :

Je suis touché que vous introduisiez la notion de réparation du monde, qui fait défaut dans le traitement de nombreux événements. Ainsi, dans le cas des cinq enfants qui ont saccagé et profané 259 tombes au cimetière de Sarre-Union, il y a cinq ans et demi, nous aurions pu demander la réparation des sépultures par les enfants pendant leurs vacances plutôt que d'assister à une guerre entre les assurances des familles et celles de la ville. Je souhaite rapprocher la possibilité de réparation. Cette notion est essentielle.

Si nous formons les magistrats à la connaissance, c'est que nous avons conscience qu'ils ne savent pas tout. Si nous formons les policiers à recevoir des victimes d'antisémitisme, de violences conjugales, de féminicides, c'est que nous avons conscience de carences. Mon professeur d'histoire à l'école rabbinique disait : « Les lois interdisent ce qui se fait. » Si nous formons les policiers, c'est qu'ils ne sont pas assez formés. Si nous formons les magistrats, c'est qu'ils ne sont pas assez formés. Lorsqu'on nous dit que nous parlons trop d'antisémitisme, c'est que nous n'en parlons pas assez. Nous ne pouvons pas réparer quelque chose que nous nions. Il est nécessaire de définir ce qui crée ce substrat de haine visible ou invisible. Il apparaît comme le remugle d'une vague de fond dès que la folie empêche de cadenasser ces pulsions, qu'il s'agisse de celles d'un individu ou d'un groupe. Nous parlons de l'assassin, car les faits sont terribles. Mais ne s'agit-il pas de la même haine lorsque des manifestants hurlent « mort aux juifs » ?

Le président de la République Jacques Chirac à l'occasion du deuxième anniversaire de la mort d'Ilan Halimi a dit la chose suivante, de mémoire : « Le 25 janvier 2005 en inaugurant le monument aux morts de la déportation j'ai dit : souviens toi n'oublie pas. Je le dis à nouveau en parlant d'Ilan Halimi. Ce n'est pas le nombre de victimes qui crée l'horreur du crime, mais la haine du bourreau. » Il existe la même haine chez M. Kobili Traoré et chez ceux qui hurlent leur aversion sur Internet ou ailleurs. C'est contre cela que nous devons lutter. Je vous remercie d'avoir créé cette commission, cette réflexion pour réparer le monde et notre société.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.