Intervention de Michel Cadot

Réunion du mardi 23 novembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Michel Cadot, ancien préfet de police de Paris :

Dans ce type de situation, on ne refait pas la mission à la place des policiers. Ils sont dans l'action. Ils peuvent éventuellement avoir ou non l'excellent comportement qui convient. Vous considérez qu'il existe une solution idéale et automatique. Toutefois, ce n'est pas aussi simple.

Lorsque les policiers arrivent dans l'immeuble, ils ne le connaissent pas et ils ne disposent pas des plans de l'appartement. Ils ne savent pas si M. Kobili Traoré est violent ou armé. Vous m'informez que cela leur a été précisé. Or cela n'a jamais été mentionné dans les documents dont je dispose. Je considère que cette BAC a appliqué les consignes.

Vous faites référence à la circulaire du 19 avril 2016 concernant les tueries de masse et non les prises d'otages. L'enjeu, lors d'une prise d'otage, consiste dans un premier temps à négocier avec le preneur d'otage. L'état de démence de M. Kobili Traoré ne le permettait pas. La situation était figée, la famille n'était pas menacée, elle était barricadée. Les policiers ont demandé des moyens pour briser la porte, car ils n'ont pas réalisé qu'ils détenaient les clés. Nous ne pouvons pas, a posteriori, dire au brigadier-chef ce qu'il aurait pu faire. En outre, il ne savait pas que Mme Sarah Halimi était menacée. Cette agression a duré quelques minutes : il a entendu dans l'immeuble le bruit dans l'appartement des Diarra et c'est quelques minutes après que M. Traoré est passé de l'autre côté pour aller chercher dans son sommeil la malheureuse Mme Halimi, la violenter, la porter sur le balcon et la jeter.

Aucune faute n'a été commise par les policiers. La circulaire à laquelle vous faites référence et à la rédaction de laquelle j'ai participé prévoit, si possible, l'attaque de la police lors d'une tuerie de masse. Si la situation est en action, il est préférable d'intervenir même si cela constitue un risque pour les personnes concernées. Il ne s'agit pas d'une intervention complète, ni de se substituer aux services spécialisés qui mettent à l'abri les otages. Le soir des attentats du Bataclan, le commissaire a pris ce risque. Il a été admirable. Il a agi en fonction de son approche de la situation sur le terrain. Dans le cas de la famille Diarra, les policiers ont appliqué les circulaires en vigueur pour une situation où il n'existe pas de menace immédiate, c'est-à-dire la maîtrise de l'environnement, la prise de renseignements et l'appel de renforts. La famille Diarra n'avait pas connaissance de l'attaque en cours sur Mme Sarah Halimi.

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