Les appels au centre de commandement correspondent aux numéros d'urgence 17 ou 18. Il s'agit d'un point central du dispositif où les appels sont régulés et où les demandes peuvent faire que les forces spéciales soient conduites à intervenir. C'est un lieu stratégique et crucial. Deux équipes ont été contactées au 17, les forces de police, et au 18, les sapeurs-pompiers de police, qui relèvent également de l'autorité opérationnelle du préfet de police. Il s'agissait de deux équipes avec des officiers communs au centre d'appel, mais ces équipes n'étaient pas fondues. Avec le général qui commandait la brigade et le directeur de la sécurité publique qui coordonne les BAC pour les brigades de nuit, nous avons modifié le système et avons instauré des binômes. Tous les appels étaient pris par deux personnes : un policier et un pompier afin de mutualiser le maximum d'informations. Sur le centre d'appel, il y a eu des améliorations qui étaient déjà de mise en avril 2017. Elles ont été renforcées avec un agrandissement des salles et l'extension à tous les arrondissements et aux trois départements de la petite couronne. Ce n'était pas le cas lors de mon départ. Je n'avais pas pu conduire la réforme à son terme.
J'ai passé des nuits dans les centres de commandement afin de permettre l'évolution du dispositif. Les appels sont souvent très confus pour des situations graves comme des accidents d'avion, de train, des attaques diverses ou encore des prises d'otages qui se terminent par des échanges de tirs. Il est nécessaire de clarifier les informations. Les personnes qui reçoivent les appels sont formées en ce sens. Elles disposent de fiches et leur comportement leur est enseigné. Régulièrement, les propos des appelants sont désorganisés. Le rôle de ces opérateurs est de faire le tri et de réconcilier les informations lorsqu'il s'agit d'adresses proches. Au regard du compte rendu et du timing qui m'ont été remis, je constate que le temps écoulé entre l'appel de la voisine signalant l'agression sur le balcon et la chute de Mme Sarah Halimi était de deux à trois minutes. La période précédente était consacrée à la sécurisation de l'immeuble pour une intervention concernant une famille, séquestrée par quelqu'un de menaçant, bien que la famille ait signalé qu'il n'était pas armé. Néanmoins, l'absence d'arme ne pouvait être une certitude.
Concernant l'absence d'utilisation des clés, cela demeurera un mystère. Dans l'action, des fautes peuvent être commises. Le brigadier-chef n'a pas réalisé qu'il avait les clés puisqu'il a demandé des éléments complémentaires pour entrer dans l'appartement.
Quant aux points d'entrée, le brigadier-chef s'est rendu dans la cour à 4 heures 35. Il n'a rien constaté. Peut-être aurait-il été préférable de placer quelqu'un dans la cour. Là encore, cela relève du pouvoir d'appréciation du brigadier-chef.