En ce qui concerne le Dr Daniel Zagury et moi-même, nous avons été scellés dans une révolte commune bien que nous participions à deux collèges différents. Nous avons eu affaire, en 2008, à un meurtrier d'enfant dénommé Stéphane Moitoiret qui a poignardé un enfant de quarante-quatre coups de couteau. Je me dissocie du premier collège qui devant l'horreur du crime répugne à parler d'irresponsabilité et nie la psychose. Cet individu se disait intégré dans une mission interplanétaire de trente mille volontaires. Il pensait être poursuivi depuis vingt ans par tous les chefs d'État. Il avait été reçu au Vatican, était roi d'Australie et secrétaire de Sa Majesté, qui était sa compagne. Or il n'était pas psychotique selon mes co-experts.
Ma position aurait pu tenir en une phrase. Je rends hommage au professeur Serge Brion, décédé récemment à un âge avancé et dont j'ai la prétention de croire que je suis, en psychiatrie légale, le principal élève. J'entretenais avec lui un rapport filial. Je lui ai demandé un jour un conseil et il m'a répondu : « En expertise judiciaire ou privée, je dis ce que je pense. Sinon, il ne fallait pas me le demander. » Cette phrase faussement triviale m'a servi de guide.
Le Dr Daniel Zagury, membre du second collège d'expert, m'a rejoint dans l'irresponsabilité de ce schizophrène. Malheureusement, un troisième collège permettra à Stéphane Moitoiret d'être jugé. Il est en prison depuis.