Une plus longue expertise est réalisable dans les pays que je vous ai indiqués, mais pas en France. Le centre de Fresnes travaille au niveau de l'individuation de la peine : il évalue la prise en charge de l'individu et son niveau de dangerosité pour l'orienter vers le bon établissement. Une véritable révolution est nécessaire. Notre système d'expertise lacanien se contente d'un ou deux entretiens. Il faut également dénoncer la pénurie actuelle en psychiatrie légale. Il manquait environ 800 psychiatres dans les services médicaux pénitentiaires régionaux il y a quelques années. Un psychiatre hésite avant d'intégrer cette fonction, car elle est chronophage et très peu rémunérée. Il faut réfléchir au statut de l'expert psychiatre et adopter en France ces nouvelles méthodes plus scientifiques d'évaluation d'une personnalité, de son niveau de conscience au moment des faits, et ne pas le soumettre à quelques entretiens, mais à une véritable observation dans le temps avec des techniques modernes dites actuarielles. Cependant, aucune mesure n'est entreprise dans ce sens. Il serait intéressant que votre commission d'enquête s'attarde sur ces questions de déroulé d'expertise psychiatrique par rapport à ces pays plus en avance que nous. Des stages sont régulièrement effectués par des magistrats au Canada.