Votre question est très difficile. Je sais quels sont le rôle et l'importance d'une commission d'enquête qui doit aboutir à des propositions une fois identifiées les faiblesses de notre dispositif. Qui peut s'étonner de la très vive émotion et de l'incompréhension à la suite de cette affaire ? Un individu prend des produits stupéfiants, s'intoxique volontairement, se met dans une situation de danger pour autrui, et est diagnostiqué par les uns irresponsable, par les autres souffrant d'une simple altération de discernement. Il échappe à un procès, et ne relèvera plus que de l'administration hospitalière. Comment l'opinion peut-elle comprendre une telle situation et ne pas s'interroger sur un possible déni de justice, compte tenu du caractère antisémite de ce crime, qui a été établi par la procédure après quelques hésitations ? Comment retenir le caractère antisémite d'un crime et dire que l'auteur en est pénalement irresponsable ? Soit cet individu n'a commis aucun crime, car il n'en avait aucune conscience, soit il a eu conscience de commettre un crime antisémite même si sa responsabilité pouvait être atténuée. Ces incohérences manifestes et cette absence de procès et de décision par un jury souverain apparaissent comme un échec et un refus, peut-être, de la justice de se prononcer, au prétexte qu'un collège d'experts a déclaré une irresponsabilité totale.