Intervention de François Pupponi

Réunion du mercredi 24 novembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

Je vous remercie pour votre témoignage, à la fois très prenant, très précis juridiquement et avec beaucoup d'humanité. On vous appelle pour vous dire qu'une femme se fait frapper. Nous pensons que vous avez eu les bonnes réactions et pris les bonnes décisions. Dans ce dossier, ce qui surprend, c'est le fait que des policiers sont dans la cour, entendent les cris de Mme Halimi mais n'interviennent pas. On comprend qu'ils ne puissent pas entrer dans l'appartement de Mme Halimi, mais les voisins crient dans la cour. Il est quatre heures du matin, ils ont été appelés pour une séquestration. Mais ils sont dans la cour, sous la coursive : s'ils sont dans la cour, ils regardent au troisième étage et voient Traoré en train de frapper Mme Halimi, ils peuvent lui crier d'arrêter. Sans porter d'accusation contre tel ou tel, quel a été votre sentiment sur ce premier point ?

J'ai été élu à Sarcelles pendant des années et, souvent, les victimes d'actes antisémites avaient du mal à faire reconnaître tout de suite ce caractère. Des formations ont été mises en place pour les magistrats. Ne faudrait-il pas une réactivité, une sensibilité plus vives : une femme de la communauté juive, massacrée, jetée par le bacon par un individu aux cris d'« Allah Akbar » et « Satan ». On imagine tout de suite que cela puisse être antisémite. On aurait pu retenir tout de suite la circonstance aggravante de l'antisémitisme. À la fin de la procédure, en 2021, la Cour de cassation a relevé que M. Traoré disant qu'il s'est senti oppressé d'avoir vu la Torah et le chandelier et qu'il pensait que le démon était Mme Halimi, et sur la foi de témoignages indiquant l'avoir entendu crier Allah Ouakbar, c'est le shetan, je vais la tuer, puis j'ai tué le satan, le démon « constituent des charges suffisantes de commission de faits à raison de l'appartenance de la victime à la religion juive ». Compte tenu de l'histoire de notre pays, avec tous les actes et drames antisémites que nous connaissons depuis quelques années, ne pensez-vous pas que, dans le doute, systématiquement, il vaille mieux que le doute bénéficie à la victime et non à l'assassin ?

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