Votre audition est particulièrement intéressante, parce qu'elle est directe, absolument sincère, à tout niveau, et un peu moins formelle que celles que nous avons en général.
Selon la police, personne n'entend une femme hurler pendant vingt minutes. Personne n'entend de hurlements. Personne n'est dans la cour. Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible ! Pour savoir ce que les trois policiers postés derrière la porte entendaient, il faudrait faire hurler quelqu'un dans la cour en pleine nuit. Nous savons que les voisins à vingt, vingt-cinq mètres des lieux et dont les logements sont équipés de fenêtres à double vitrage ont été réveillés. Cela ne dure pas une ou deux minutes, mais entre quinze et vingt minutes. Dans l'une des procédures, un des policiers dit : mes collègues vont vous dire que ce sont des voix d'hommes, mais c'était une voix de femme. L'un des officiers envoie un policier dans la cour, où il n'est pas possible de ne rien entendre. On ne peut pas nous dire que l'on était concentré sur une séquestration qui n'a jamais eu lieu, mais dont vous pouviez imaginer que c'était le cas, sans faire abstraction totale d'une femme en train de se faire massacrer à poings nus, alors que la police est là. Nous nous posons cette question, à laquelle nous n'avons pas de réponse, même si chacun d'entre nous peut avoir la sienne. Bien sûr, les policiers regrettent aujourd'hui, bien sûr ils disent avoir fait le maximum de ce qu'ils pouvaient faire, bien sûr il est facile de refaire les choses après coup, mais la réalité des faits c'est qu'il y a très vite neuf policiers armés de la BAC sur les lieux, alors que le criminel n'est pas armé, qui n'interviennent pas et qui nous laissent entendre qu'ils ne savaient pas que se produisait un massacre, comme s'il s'agissait d'une autre affaire inexistante. Voilà pourquoi nous sommes très interpellés.