Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 24 novembre 2021 à 19h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

Par la suite, trois des six policiers sont dans la cour, et il n'est pas possible de ne pas entendre les hurlements pendant autant de temps. Si nous sommes là pour dire que tout s'est bien passé, que la police était présente et a fait ce qu'il fallait, qu'une femme a été défenestrée, alors tout va bien. Ma conviction est que cela ne va absolument pas. La police doit approcher, surtout s'il n'est pas armé et qu'aucun coup de feu n'est tiré.

Le meurtrier a été interpellé à cinq heures vingt-sept, soit plus d'une heure après le début des évènements. Mme Halimi est restée au sol, agonisante, jusqu'à cinq heures cinq. La magistrate que nous avons auditionnée, qui a l'habitude de la flagrance, a rappelé que les gens pensaient que la victime était asiatique, tellement elle était défigurée et tellement cela a duré longtemps.

M. le ministre, c'est tout à votre honneur de vouloir couvrir vos hommes et de prendre la responsabilité. De notre côté, nous sommes obligés de nous dire que la police était là, qu'elle n'est pas intervenue alors qu'elle pouvait le faire. Le fonctionnement est sans doute à améliorer, mais des dysfonctionnements ont certainement eu lieu. Si la police était arrivée une heure après, la situation aurait été différente, mais elle est arrivée trois minutes après. Les policiers ont, par ailleurs, été invités par les voisins à utiliser leur appartement. Ils ne l'ont pas fait. Nous posons la question de la peur qui est humaine. Il nous a été répondu par la négative. Une personne doit donner l'ordre d'intervenir, certes, mais l'exemple du Bataclan montre que la désobéissance à des ordres directs a permis de sauver deux cents personnes. Que pouvons-nous faire de plus que d'appeler la police ? Elle est arrivée rapidement sur les lieux et a compté jusqu'à vingt-cinq policiers sur place, et pas un n'est intervenu. Nous sommes là face à un problème.

Toutes les personnes de la hiérarchie qui viendront témoigner, les préfets ou les commandants, chacun expliquera, en louant le travail des policiers, que tout a fonctionné dans le meilleur des mondes. Je dis non ! Une femme est morte alors que la police était là, parce qu'elle n'est pas intervenue. C'est ma conviction, partagée par certains commissaires.

La famille souhaitait déposer plainte pour non-assistance à personne en danger, mais à la demande de hauts dignitaires de la communauté juive, elle ne l'a pas fait. La raison est que, justement, les policiers, tout au long de l'année, protègent au péril de leur vie la communauté, les institutions juives et les Français dans leur ensemble.

Je ne porte pas de jugement. Je vous donne les faits.

Dans les rapports de police, il est fait mention d'un vigik. Il s'agit en réalité d'un trousseau de clés. Il n'est pas normal qu'à deux ou trois reprises dans un rapport de police soit mentionné le vigik et non le trousseau. Nous avons là un mensonge par omission. Si jamais les policiers avaient les clés et qu'ils ne sont pas intervenus, il est plus commode de déclarer qu'il s'agissait d'un vigik et non des clés. Par ailleurs, la porte de la famille Diarra n'a jamais été fracturée, contrairement à celle de Mme Halimi. Pour quelle raison ?

Nous nous posons ces questions pour que, dans un cas similaire, les forces de police aient l'ordre d'aller directement au contact et d'arrêter immédiatement un massacre.

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