Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 1er décembre 2021 à 15h05
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

Vous n'étiez pas chargé de ces questions en 2017, mais votre avis extérieur nous paraît important. Nous avons compris la difficulté de qualifier l'acte de terroriste selon les cas. Dans notre cas précis, M. Traoré connaissait les Diarra et n'a pas commis la moindre violence à leur égard, malgré l'altération a minima partielle reconnue par tous les psychiatres. Vous dîtes très justement que souvent, vous n'avez pas l'occasion d'interroger les individus, car ils ont été neutralisés, ce qui permet bien entendu d'éviter de nouvelles victimes. Dans notre enquête, il est problématique que M. Traoré n'ait jamais été auditionné, car un psychiatre a rapidement décidé que son état ne permettait pas une garde à vue. Je vous rappelle que M. Traoré n'a jamais eu le moindre antécédent psychiatrique. C'est un multirécidiviste de petits larcins, ni terroriste ni jihadiste. Il a séjourné à plusieurs reprises en prison. M. Traoré a crié « Allah Akbar », « que dieu me soit témoin », et, en frappant la victime, « tu vas payer », « c'est pour venger mon frère ». Le matin, il avait dit : « ce soir, ce sera terminé ». Depuis deux ou trois mois, il avait changé de comportement. Selon une de ses amies, il semblait se radicaliser. Malgré ces signes extérieurs de radicalisation, la question de la dimension potentiellement terroriste de son acte n'a jamais été soulevée. Vous ne connaissez pas l'affaire, je vous donne seulement des éléments que j'espère précis. M. Abdelkader Rabhi, un ami d'enfance de M. Traoré chez qui il a passé la soirée avant de commettre son crime, a déclaré : « nous sommes partis à la mosquée rue Morand la veille des faits. Nous sommes allés manger dans le quartier avec notre ami Sofiane », que nous allons essayer d'auditionner. Il ajoute : « j'ai appelé Sofiane vers 4 heures pour l'informer que j'étais en panique, je me suis habillé, je suis descendu pour rechercher Kobili ». Il déclare lors de son audition : « j'ai un téléphone mais je ne connais pas le numéro ». Aucun n'effort n'a été fourni pour investiguer le numéro de la personne auditionnée. Ces éléments me surprennent. Quelle est votre appréciation d'après les bribes que je vous expose ? Il est compliqué de vous exposer l'intégralité de ce dossier qui fait des centaines de pages en une heure. De votre propos liminaire, je retiens que la qualification est difficile. Pourtant, il me semblait qu'en droit, l'habitude était de qualifier le fait de la manière la plus grave, quitte à finalement revenir en arrière. Vous dîtes au contraire qu'il faut essayer de ne jamais revenir en arrière.

La juge d'instruction n'a pas demandé de reconstitution. Vous avez l'habitude de ces affaires. Quel est votre avis à ce sujet ? Une reconstitution aurait pu contribuer à faire la lumière sur l'enquête. Je sais que vous ne connaissez pas le dossier et qu'il est difficile de répondre sur ce cas précis.

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