Nous ouvrons nos débats aujourd'hui avec l'audition de M. Joël Mergui. M. Mergui, en 2017, vous étiez président du consistoire de France et du consistoire de Paris. Vous êtes actuellement président du consistoire de Paris, les statuts ne vous permettant pas de cumuler ces deux fonctions à ce jour. Vous êtes un témoin et un acteur indispensable dans nos travaux. Le meurtre de Mme Halimi a été un traumatisme terrible pour les Français dans leur ensemble, mais en particulier pour la communauté juive de France. Très vite, vous avez été informé de ce meurtre et vous vous êtes entretenu avec le procureur, le préfet et les ministres. Vous avez été rapidement reçu, avec le directeur général du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), le Grand rabbin de France et le président du fonds social juif unifié (FSJU), par le procureur que nous auditionnerons après vous. À la suite de ce rendez-vous, vous avez déclaré dans un communiqué : « rien ne permet de retenir le caractère antisémite et rien ne permet d'exclure ». Pourtant, Sarah Halimi a été massacrée aux cris de « Allah akbar », « que Dieu me soit témoin », « j'ai tué le sheitan ». M. Traoré a déclaré avoir vu une menorah et une Torah. En réalité, il n'y avait pas de chandelier, mais simplement des bougeoirs, ni de rouleaux de la Torah, mais uniquement des livres en français et en hébreu. Cependant, Mme Halimi était juive orthodoxe, médecin, directrice de crèche, connue en tant que juive par tous ses voisins. Les témoins, y compris la substitute du procureur que nous avons auditionnée, ont dit qu'ils ont très rapidement su que la victime était juive. La justice a tranché plusieurs mois après sur le caractère antisémite.
Je vais vous donner la parole avant de vous poser mes questions. Auparavant, je rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je vous invite donc à lever la main droite et à dire : « Je le jure ».