Intervention de Joël Mergui

Réunion du mercredi 8 décembre 2021 à 14h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Joël Mergui, président d'honneur du Consistoire central israélite de France :

Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer. Je salue d'abord les travaux de cette commission. La communauté que j'ai l'honneur de représenter depuis plusieurs années a beaucoup souffert ces dernières années. J'ai pris mes fonctions de président du consistoire de Paris en janvier 2006, quelques semaines seulement avant le meurtre d'Ilan Halimi. Depuis, j'ai accompagné la communauté juive dans de nombreux deuils et la communauté nationale parallèlement, à la fois dans un rôle de contact avec les familles et de porte-parole face à la remontée de l'antisémitisme.

C'est la première fois que je m'exprime dans le cadre d'une commission d'enquête. J'en comprends la solennité et j'essaierai d'en entendre les objectifs. Je précise que je n'ai pas eu le temps d'écouter les auditions précédentes. Depuis quelques jours, j'ai essayé de me remémorer précisément les événements. Ces derniers ont eu lieu dans le contexte du meurtre d'Ilan Halimi, de l'attentat de Toulouse et de l'Hypercacher. J'ai vécu pendant ces années la douleur de la communauté juive confrontée à l'antisémitisme, l'antisionisme et la montée de l'islamisme radical, dans une forme de solitude et d'une écoute quelque peu insuffisante. J'ai appris la mort de Sarah Halimi par différents appels dans la matinée, notamment par Me Alex Buchinger, avocat en lien avec la famille, au nom du Rav Rottenberg, rabbin de la communauté de Mme Halimi, dans le cadre d'une demande qui m'est souvent adressée dans les situations de meurtre. Le corps allait être porté à l'institut médico-légal de Paris, ou l'avait déjà été. La famille ne souhaitait pas qu'une autopsie ou qu'un prélèvement d'organes soit réalisé, et demandait que le corps soit rendu le plus rapidement possible. Dans ces situations, je préfère que la demande émane de la famille plutôt que d'un président de communauté ou un rabbin, car des conséquences légales requièrent l'intervention des ayants droit. Les filles de Mme Halimi, zikhronah livrakha, que sa mémoire soit bénie, m'ont envoyé un SMS. Je me suis aussitôt mis en contact avec le procureur Molins, qui était déjà intervenu dans les mêmes circonstances pour l'attentat de l'Hypercacher pour faciliter le départ des corps en Israël. Je voudrais souligner encore sa réactivité dans ces moments douloureux qui surviennent malheureusement à plusieurs reprises chaque année. Le 4 avril 2017, dans la journée, je suis intervenu auprès du préfet Cadot et du procureur en portant deux demandes. Dans un premier temps, je souhaitais leur transmettre le message de la famille qui demandait qu'il n'y ait pas d'autopsie et que le corps soit rendu le plus rapidement possible, les conditions de la mort étant en effet presque évidentes. Ma seconde question concernait l'éventuel caractère antisémite du meurtre. Le préfet et le procureur ne m'ont pas donné de réponse immédiate.

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