Intervention de Joël Mergui

Réunion du mercredi 8 décembre 2021 à 14h00
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Joël Mergui, président d'honneur du Consistoire central israélite de France :

Il faut revoir les conditions permettant aux pouvoirs publics de reconnaître la qualification antisémite le plus rapidement possible. Dans le contexte de l'émotion de la communauté juive à ce moment, un temps d'enquête aussi long était-il nécessaire pour parvenir à cette qualification ? Sans la reconnaissance rapide du caractère antisémite, raciste ou xénophobe, la communauté, minorité ou genre attaqué souffre d'un sentiment de déni.

Vous connaissez le respect de la communauté juive pour la police, notamment pour la protection apportée dans tous nos bâtiments. Toutefois, des récits que nous entendions, et qui circulaient sur Internet, mentionnaient une forme de lenteur et un manque de réactivité de la police. Le nouveau ministre de l'intérieur, M. Fekl, nous a reçus avec le préfet et a relaté minute par minute l'intervention de la police. Nous ne sommes que des citoyens, mais nous étions inquiets. Notre rôle est de chercher la vérité et de pouvoir la dire. Nous nous interrogions sur l'intervention de la police au moment des faits, et sur la raison pour laquelle ils ne sont pas entrés dans l'appartement alors qu'ils entendaient ce qu'il se passait. Il y a eu une interrogation. À cette question, le préfet Delpuech nous a indiqué qu'il n'avait rien à reprocher aux forces de police selon les éléments dont il disposait.

L'assassin a été placé en psychiatrie. Lorsque la cour d'appel a considéré en 2019 que la personne ne pouvait être jugée, j'ai parlé dans une tribune de déni de justice et de fragilisation de la communauté juive, à laquelle j'essaie de redonner confiance en l'avenir. L'un des points fondamentaux dans le judaïsme est «  dina Dé-malkhuta dina  », la loi du pays est la loi. La vie juive dans le monde entier est basée sur le respect élémentaire de la loi du pays. Dans ce contexte, je suis obligé en tant que président du consistoire de répéter les propos du procureur Molins ; mais la Cour de cassation, sachant que l'homme a eu suffisamment de discernement pour choisir une victime juive, s'introduire chez elle, réciter des sourates du Coran sans se tromper, a estimé qu'il avait suffisamment de discernement pour que son acte soit antisémite, mais pas assez pour être jugé. Voilà où est le dysfonctionnement. Je peux encore entendre qu'il ait fallu beaucoup de temps pour arriver à cette qualification. Cependant, dans ma conscience de citoyen respectueux de la loi, il est problématique d'annoncer à la communauté juive que sous l'emprise d'une drogue, un individu peut assassiner sans être jugé. Créer une loi Sarah Halimi constituerait une légère réparation, mais la seule véritable réparation serait une reconstitution. Je n'ai pas compris et je ne comprends toujours pas pourquoi la reconstitution n'a pas été faite alors que l'assassin était d'accord. Vous devriez enquêter sur ce sujet.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.