Le procureur n'a pas compris la surprenante non-médiatisation de cette affaire. Une femme est massacrée à poings nus puis défenestrée. Des faits se rapprochant très fortement d'actes de barbarie ont lieu. Cette femme est juive, directrice de crèche, médecin de formation, mais personne n'évoque l'affaire. Nous étions alors en pleine campagne présidentielle. C'est peut-être une explication. J'ai dû attendre ma question au gouvernement au sein de la nouvelle Assemblée, où je soulignais justement ce déni, pour que cette affaire dramatique soit évoquée. Le Président de la République s'est d'abord prononcé à ce sujet lors de la cérémonie commémorative de la rafle du vélodrome d'hiver à la mi-juillet 2017. Lors de son voyage en Israël où je l'accompagnais, il a également mentionné cette affaire en s'adressant aux Français de Jérusalem.
Un témoin du crime déclare que l'homme disait « Allah akbar », parlait en français et en arabe et récitait des sourates du Coran. Il s'est changé, a fait ses ablutions et a dit « j'ai tué le sheitan du quartier ». Il a fréquenté à trois reprises la mosquée salafiste près de chez lui. En tant qu'ancien garde des sceaux, n'êtes-vous pas surpris que la section antiterroriste n'ait pas été saisie ? Le procureur a répondu à ce sujet. Nous nous trouvions dans le contexte qui suivait les attentats du Bataclan, de l'Hypercacher, et de tous les attentats islamistes qui défigurent notre pays depuis celui de Toulouse en 2012. Depuis deux ou trois mois, M. Traoré était devenu étrange. Il ne tenait plus la porte aux femmes et ne leur serrait plus la main. Malgré ces signes de radicalisation, la juge d'instruction n'enquêtera jamais sur cette piste et ne se rendra pas à la mosquée Omar. Quel est votre avis à ce sujet ?