Actuellement, le dossier est ouvert. Nous ne sommes pas dans le cadre d'une instruction. Le dossier est ouvert à tous, en tout cas aux avocats.
Vous dites : « j'ai demandé aux collègues en tenue s'ils avaient entendu les bruits. Ils m'ont répondu que oui, mais que pour eux cela ne pouvait provenir que de la rue parallèle. Puisque moi je les avais entendus de l'intérieur de l'immeuble et eux à l'extérieur, cela ne pouvait venir que de cet immeuble. Je suis entrée dans le hall du 26 rue de Vaucouleurs. J'ai vu une porte menant sur l'extérieur. J'y suis allée. J'ai constaté qu'il s'agissait d'une cour-jardin intérieure. Je me suis tout de suite rendu compte que les cris et les bruits que j'avais entendus auparavant provenaient de ce côté de l'immeuble » – là, vous dites clairement que vous entendez des cris – « Et là j'entendais distinctement de gros bruits comme des meubles qui se cassaient et des cris en arabe. Pour répondre à votre question, je n'ai pas entendu de cris de femme ». Une femme hurlait et ses cris ont réveillé tous les voisins, mais vous dites ne pas l'avoir entendue. « J'ai voulu savoir de quel appartement ça provenait. Le problème c'est que là où j'étais je me trouvais protégée par le soubassement d'un balcon. Si je me mettais dans le jardin pour voir la façade de l'immeuble, je me trouvais à découvert. » Vous êtes cependant appelée pour voir ce qui se passe, surtout en sachant que l'assassin n'était pas armé. « J'ai avisé mon chef de bord dans le hall pour qu'il me fasse venir du monde dans le jardin. » Puis : « j'ai demandé à cet homme s'il pouvait me dire quoi faire ». Vous parlez d'un corps qui semblait disloqué avec un linge plein de sang qui recouvrait son visage . « J'ai fait le rapprochement avec un bruit sourd que j'avais entendu. Je me suis dit qu'il fallait faire les premiers gestes de secours, le problème, c'était que le corps était à découvert. Elle était dans un angle de l'immeuble et pas sous le parapet d'un balcon. Je ne me suis pas sentie capable de tirer et de la mettre à l'abri. Il a fallu donc s'équiper de matériel lourd, à savoir de casques lourds, gilets lourds, lorsque je suis sortie dans la rue. » Ces propos interpellent. Je comprends que la situation était compliquée, parce que vous êtes une jeune policière. Vous n'êtes pas, tous les jours, confrontée à des femmes massacrées et défenestrées, en sang, dans une cour d'immeuble. Vous avez pu ressentir de la peur. Toutefois, pendant au moins douze minutes, la police était présente du début à la fin du massacre et personne n'est intervenu. C'est l'un des points que nous souhaitons comprendre. L'un de vos supérieurs hiérarchiques vous donnait des ordres. L'un de vos collègues a dit : « mes collègues vous diront que ce sont des cris d'homme, mais ce sont des cris de femme. » Lorsque nous l'avons auditionné, il a essayé de changer un peu ses propos, mais c'est ce qui est écrit sur la déposition de police. Comprenez-vous que nous nous posions ces questions ?