Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 8 décembre 2021 à 17h30
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

L'un de vos collègues a déposé devant un officier de police judiciaire : « mes collègues vont vous dire que ce sont des voix d'homme, mais ce sont des voix de femme » et tous les témoignages évoquent des hurlements, qui ont duré une éternité, car douze minutes sont une éternité lorsque quelqu'un se fait massacrer. Vous êtes arrivée avant 4 heures 30. L'acte débute aux alentours de 4 heures 29 ou 4 heures 30, et se termine entre 4 heures 42 et 4 heures 45. Tous les voisins étaient dehors. J'ai encore aujourd'hui parlé longuement avec un journaliste, M. Christophe Dansette, qui mentionne un troisième immeuble d'étudiants, où tous les témoins parlent des hurlements d'une femme qui se fait massacrer. Je ne mets pas en doute votre parole. Vous dites que n'avez pas entendu cela dans la cour.

Dans leurs dépositions, tous les policiers disent qu'ils avaient un vigik, comme s'ils s'étaient arrangés entre eux. Ils avaient pourtant la clef, selon le témoignage de la famille Diarra, qui rapporte avoir envoyé le vigik avec deux clefs, et selon le témoignage de Sofiane Si Bachir : « une femme à la fenêtre a fait signe aux policiers que nous n'étions pas concernés et cette même femme a jeté un trousseau de clefs par la fenêtre. Les policiers nous ont demandé de partir. J'ai alors compris qu'il y avait un problème dont Kobili était à l'origine ».

À la question « pourquoi n'avez-vous pas ouvert la porte ? », les policiers répondent « nous ne savions pas ». Je suppose que c'était la première fois que vous aviez affaire à un meurtre. Je ne comprends pourtant pas. Dès le lendemain du meurtre, des témoins rapportent : « c'était comme un chat et à la fin ça descendait de plus en plus. » Tous disent : « on n'entendait plus que de la viande sur laquelle on tapait ». Pourquoi les policiers parlent-ils de vigik, alors qu'il s'agit d'un trousseau de clefs. Ils n'avaient qu'à parler de clefs. Cela aurait été honnête, puis de dire : « je n'ai pas eu la présence d'esprit » ou « j'ai eu peur ». Nous sommes obligés de nous poser ces questions.

Un autre élément m'interpelle : vous avez rencontré Kobili Traoré la veille du drame. Vous déclarez dans votre audition : « la veille des faits, je suis intervenue devant cet immeuble, 30 rue de Vaucouleurs, justement par rapport à Kobili Traoré », que vous appelez « Kobili » dans le reste de votre audition. « La veille à 5 heures du matin, on a vu un individu identifié plus tard comme étant Kobili Traoré qui courait très vite. Il venait de la rue de Vaucouleurs et allait vers la rue Oberkampf. Lorsque nous l'avons rattrapé, il ne s'est pas laissé contrôler. Après vérification, il n'avait rien sur lui à part sa carte nationale d'identité. Nous avons fait le tour des véhicules et des commerces aux alentours, mais rien. Comme nous n'avions rien à lui reprocher, nous l'avons laissé libre. Une mention d'événement a été rédigée. » Racontez-nous cette interpellation de Traoré Kobili, que vous avez vu longuement la veille.

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