Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 15 décembre 2021 à 13h10
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

Nous ouvrons notre séance avec une audition importante aujourd'hui. Nous arrivons à la fin de nos travaux. J'espère encore pouvoir réaliser quelques auditions que je n'ai pas réussi à effectuer. Mme Lazerges, vous avez été vice-présidente chargée de l'instruction dans l'affaire Sarah Halimi. Vous étiez en cosaisine avec Mme Anne Ihuellou, juge d'instruction que nous avons longuement auditionnée. Aujourd'hui, vous êtes première vice-présidente adjointe au tribunal judiciaire de Nanterre. Nous vous remercions de vous être déplacée pour répondre à nos questions.

Votre audition est très importante pour cette commission, pour la famille de Mme Halimi, et peut-être plus largement pour tout le peuple français. Le Président de la République est sorti de sa réserve, selon l'avis du procureur général Molins, en déclarant lors d'un voyage en Israël que le besoin de procès était là. Comme l'a dit parfaitement le Grand rabbin de France que nous avons auditionné, M. Haïm Korsia, «  la justice est rendue au nom du peuple français, mais lorsqu'une décision paraît incompatible, je la conteste  ». L'instruction est close, et le verdict nous oblige. C'est la loi. Le rôle de notre commission est d'identifier les dysfonctionnements de la justice et de la police dans cette affaire. L'expression d'éventuels dysfonctionnements ne me paraît plus adéquate, après plusieurs semaines d'audition, car je n'ai pas, pour ma part, de devoir de réserve, mais de vérité, en mon âme et conscience, en tant que président de cette commission. J'ai tout fait pour qu'elle existe, avec Mme Constance Le Grip, vice-présidente – ce n'était pas simple – puis pour qu'elle ait réellement lieu, ce qui est très compliqué à l'Assemblée nationale.

Beaucoup d'éléments nous interpellent, en particulier l'absence totale de reconstitution, pourtant quasi systématique dans ce genre d'affaires. Le Dr Zagury avait indiqué que la présence de M. Traoré aurait été possible. Il pensait même que cela l'apaiserait, et son avocat n'y était pas opposé. Le deuxième élément est l'absence totale d'auditions de témoins, entendus par la police judiciaire, mais pas par la juge d'instruction. La juge nous a répondu sur ce point qu'elle n'était pas seule. Nous souhaitons donc savoir pourquoi les juges que vous êtes n'ont pas auditionné des témoins capitaux. Beaucoup d'autres témoins n'ont pas même été entendus par la police judiciaire, comme des étudiants qui habitaient dans un immeuble du Crous. Une autre question qui se pose est l'absence de saisie et d'investigation des téléphones de M. Traoré et de sa famille. Il était pourtant connu très défavorablement par les services de police. Certains membres de sa famille ont tenu des propos antisémites. Enfin, je souhaiterais vous entendre sur le caractère antisémite du meurtre de Sarah Halimi, qui a mis plus de dix mois à être retenu alors qu'il avait été immédiatement envisagé, selon le procureur Molins et la magistrate primo-intervenante. Nous aurons d'autres questions à vous poser. Je vous propose de commencer par un propos liminaire.

Je rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je vous invite donc à lever la main droite et à dire : « Je le jure ».

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