Je souhaitais revenir sur la cosaisine et le sujet de la qualification de la circonstance aggravante d'antisémitisme. J'ai entendu que vous étiez tenue par votre déontologie et par le secret professionnel, et nous ne vous demandons pas de dévoiler les échanges que vous avez eus avec la juge en charge de l'information. Sur la question de la cosaisine, j'ai expressément interrogé le procureur Molins. Dans le cas de dossiers sensibles et complexes, il y a généralement cosaisine. Pour reprendre ses termes, le dossier Sarah Halimi était complexe et sensible et il n'y avait nul besoin d'avoir fait de longues études pour le comprendre : une dame de confession juive défenestrée et tuée dans ces circonstances est forcément un dossier complexe et sensible justifiant la cosaisine. Cela soulève la question de la très grande lenteur avec laquelle a finalement été retenue la qualification de circonstance aggravante d'antisémitisme. Dans un tel dossier, s'agissant d'une défenestration d'une femme de confession juive, dans des circonstances horribles, ne pensez-vous pas que la qualification d'antisémitisme doit être d'emblée retenue ? Vous nous avez dit que les juges pouvaient, par crainte de certains reproches au cours de la procédure, se montrer prudents. S'exposeraient-ils réellement à des reproches par la hiérarchie ou les médias, en retenant plus rapidement cette circonstance ? En votre for intérieur, auriez-vous repoussé aussi longuement la qualification d'antisémitisme ?