Intervention de Meyer Habib

Réunion du jeudi 16 décembre 2021 à 9h30
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

Il est terrifiant qu'il n'ait été fait référence à Mme Sarah Halimi, cette nuit-là, qu'une fois qu'elle était morte. Les quatorze minutes qui précèdent sont marquées d'un silence terrible et abyssal. Personne ne sait, n'entend, n'écoute. Nous nous rendrons sur place afin de nous placer dans les conditions, ce qu'aurait dû, à mon sens, être fait par les magistrats. Une policière nous a déclaré qu'elle souhaitait aller vers la victime qui se trouvait sur le sol de la cour pour lui porter les premiers secours, mais elle craignait de ne pas être protégée.

Très tôt, des témoins ont appelé le 17. Certains proposent aux policiers d'utiliser leur appartement d'en face pour se rendre, par un terre-plein, sur le balcon de Mme Sarah Halimi. Malheureusement, aucun policier présent à la salle de commandement ou à l'état-major n'établira un rapprochement entre la supposée séquestration des Diarra, qui n'a jamais existé, et les appels, à la même minute, dans le même quartier, à propos du massacre de Sarah Halimi.

Kobili Traoré s'est préparé. Il a fait ses ablutions. Il y a les « Allah akbar ». On sait qu'il s'était rendu chez les Diarra pour leur confier deux enfants plus tôt dans la journée. Un témoin signale : « Je faisais les cent pas dans le salon. Ne voyant pas la police j'ai rappelé une seconde fois. Je ne peux pas vous dire précisément quel temps s'est écoulé entre mes deux appels. J'ai à nouveau expliqué le motif de mon appel et j'ai entendu l'opérateur dire à sa collègue “c'est pour le différend familial. Elle a répondu, au loin, oui Vaucouleurs”. Ce terme de différend familial m'a interloquée et m'a mise en colère. Mais on m'a dit qu'ils étaient au courant. Je pensais que les policiers étaient dans le jardin mais qu'il était dangereux de monter à l'étage. J'ai donc appelé une troisième fois la police pour leur dire que si les policiers voulaient voir ce qui se passait dans l'appartement de l'agresseur, ils pouvaient venir chez moi. » Elle le propose. Ces échanges ont eu lieu pendant l'agression de Mme Sarah Halimi, avant sa défenestration. L'audition de ce témoin n'a malheureusement pas pu être réalisée en public. Toutefois, elle a fait l'objet d'une retranscription écrite minutieuse, tandis que nous disposons de son enregistrement audio. Il s'agit d'un témoin clé qui a vu les policiers dans la cour de l'immeuble pendant l'agression de Mme Sarah Halimi. Or, personne n'intervient.

Nous ne cherchons pas un responsable précis. Nous souhaitons comprendre le fonctionnement de la police dans le cas de cette intervention. Pour un citoyen français, le drame est de savoir qu'alors que six, douze, puis vingt policiers se trouvaient sur place, aucun n'est intervenu, pendant qu'une femme était massacrée de très longues minutes, parce qu'elle était juive. L'un des témoins interrogés a indiqué que, pour lui, l'agression avait duré une heure.

La substitute du procureur de permanence a été rapidement mise au courant de l'agression, avant que Mme Halimi soit défenestrée. Elle a alors demandé l'intervention de la BRI. Le saviez-vous ?

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