Intervention de Meyer Habib

Réunion du jeudi 16 décembre 2021 à 10h30
Commission d'enquête chargée de rechercher d'éventuels dysfonctionnements de la justice et de la police dans l'affaire dite sarah halimi et de formuler des propositions pour éviter le cas échéant leur renouvellement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib, président :

Je le comprends et ne doute pas de votre sincérité. Je pense que certains policiers n'ont pas dit toute la vérité pour préserver l'institution policière. Ils nous ont indiqué ne pas avoir entendu Mme Sarah Halimi crier pendant quinze à vingt minutes. Les habitants des trois immeubles autour regardent par leur fenêtre, plusieurs d'entre eux appellent au secours et constatent que les policiers n'interviennent pas. Les membres des forces de l'ordre sont de plus en plus nombreux sur les lieux. C'est pour cette raison que je souhaiterais disposer de la chronologie précise. Au-delà des six premiers intervenants, il y aura jusqu'à vingt policiers sur place. Pourtant, personne n'entendra cette femme hurler. Nous savons qu'elle arrivera à se sauver des mains de son assaillant avant qu'il ne la rattrape. Beaucoup de sang coule. Les témoins que nous avons auditionnés nous ont raconté une histoire terrifiante, incroyable, inimaginable en France, quatre-vingts ans après la Shoah. L'assassin savait parfaitement qu'elle était juive et c'est pour cette raison qu'il l'a tuée. Elle avait peur de lui. Une voisine de Mme Sarah Halimi, officier de police, avait également peur de cet homme. Cette policière a témoigné hier avec beaucoup d'humanité et de sincérité. Elle nous a exprimé la frayeur qu'elle avait de l'assassin, ses relents antisémites et le sentiment de peur qu'il suscitait dans le quartier. Je rappelle donc que, pendant vingt minutes, a minima six policiers de deux brigades anti-criminalité (BAC) se trouvent sur place et n'interviennent pas, car aucun d'entre eux n'aurait entendu Mme Sarah Halimi. Je ne peux pas le croire, d'autant plus que la substitute du procureur s'est rendue sur les lieux parce qu'une femme était massacrée. Il suffisait d'un appel radio pour transmettre cette information. Il fallait attendre les casques, les gilets pare-balles et les door-raiders. Or ces derniers n'étaient pas utiles puisque l'accès à l'appartement était aisé. Cette femme aurait pu être ma mère, ma sœur, la vôtre. Une Française est massacrée alors que la police se trouve sur place et n'intervient pas. C'est une triste réalité.

De manière générale, quel est votre sentiment par rapport aux faits que je vous décris ? Deux unités de la BAC sont sur les lieux du drame, une partie d'entre elles dans la cour. Plusieurs appels sont passés au 17. Je souhaiterais avoir votre avis sur l'absence d'intervention de la police.

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