Le CNJ-CGT est le deuxième syndicat de la profession et nous avons été auditionnés part la mission sur le secret de l'instruction.
Je suis accompagnée de Jade Lindgaard de Mediapart. Elle adhère au syndicat et est coprésidente de la société des journalistes et rédacteurs de Mediapart. Il me semble intéressant qu'elle puisse s'exprimer sur ce qu'il se passe actuellement à Mediapart.
Monsieur Paris me connaît, je ne mâche pas mes mots et je vous le dis : les journalistes en ont marre. Ce sentiment est partagé par l'ensemble des acteurs de la profession, les syndicats des journalistes, les associations.
Nous sommes dans une situation économique et sociale compliquée avec la concentration de la presse, la précarisation du métier de journaliste et les contraintes quotidiennes. Or, nous avons l'impression d'être attaqués à plusieurs niveaux.
D'abord, par le pouvoir politique et par des décisions, des paroles qui se multiplient. Je pense à la volonté du Président de la République de déplacer la salle de presse de l'Élysée. Je pense à l'envie du Président de la République de choisir les journalistes qui le suivent. Je pense à la volonté de l'Élysée d'établir pendant la crise sanitaire une revue de presse avec des articles jugés vrais, bons, dignes de confiance.
Ensuite, des personnalités politiques n'hésitent pas à remettre en cause le travail des journalistes et à les attaquer, voire, comme la semaine dernière, à déposer une proposition de loi qui empêcherait de filmer les forces de l'ordre.
On a l'impression qu'un amoncellement de lois entrave notre travail : loi sur le renseignement, loi sur le secret des affaires, loi sur les fake news, loi Avia.
Également, les convocations de journalistes par la justice se succèdent. Ce n'est plus possible ! Je ne sais même plus si nous en sommes à treize, quatorze ou quinze convocations !
Il y a aussi eu les violences contre les journalistes pendant les manifestations, contre la réforme des retraites ou le projet de loi réformant le droit du travail lors du précédent quinquennat. Des violences peuvent arriver, mais le problème est que nous n'avons aucune visibilité sur les suites données aux plaintes.
Ce contexte nous met en colère.