Dans les années quatre-vingt-dix, lorsque les grandes affaires ont commencé à sortir, les juges d'instructions avaient besoin des médias pour éviter l'enterrement des affaires et l'émancipation des magistrats, dès les années soixante-dix, s'est faite grâce à la presse.
Ce pouvoir est certes fragile, inlassablement attaqué sur le secret, mais le système dans sa globalité est extrêmement puissant et j'ai le sentiment qu'il existe un mécanisme de compensation.
Il s'agit là d'un vieux complexe de l'autorité vis-à-vis des pouvoirs. Les magistrats ont le sentiment, et ce n'est pas inexact, d'êtres tenus, conformément à la vision napoléonienne qui souhait faire des magistrats son bras armé.
Nous ne sommes peut-être pas totalement sortis de ce modèle. Que fait-on quand on se sent impuissant vis-à-vis de l'exécutif et du législatif ? On cherche un allié. Les médias constituent un allié formidable qui a contribué à l'émancipation des magistrats.
Concernant les sources, comme tous les journalistes, je suis renseignée sur des choses anodines mais je sais qu'une information nous est transmise pour nous emmener quelque part.
La vraie question est : où veut-on nous emmener ? Cela peut être, comme c'est est souvent le cas chez Mediapart, vers la poursuite d'un objectif d'utilité publique mais aussi vers quelque chose de moins louable.
Le système médiatique peut alors apparaître comme l'ultime recours, la dernière chose qui fonctionne dans un pays où l'on a plus tellement confiance dans les institutions.