Cette équipe France s'incarne à Paris à travers le comité national de suivi présidé par l'ambassadeur Teixeira, qui nous permet de nous réunir une à deux fois par an, même si nous avons été un peu bousculés par la crise Covid.
Le site internet que je vous ai présenté a aussi une vocation interne : mutualiser le partage d'informations entre nous sur les projets en cours et futurs. Nous attendons beaucoup de ce site internet pour nous aider à la programmation de nos activités.
J'en viens maintenant à ce qui se passe dans le réseau. Les ambassadeurs ont dans leur mandat de réunir un conseil local du développement, qui traite, articule, coordonne, structure les actions des différents intervenants. L'AFD est l'un des membres de ces conseils locaux du développement. À ce titre, nous sommes amenés à présenter les projets que nous voulons financer.
Vous voyez comment fonctionne ce dialogue entre Paris, le réseau et la présence à chaque fois du Quai d'Orsay en organisateur et maître d'œuvre de la cohérence de la politique française bilatérale de développement.
Les projets de développement que nous finançons aujourd'hui et qui ont un lien avec le sujet des migrations sont assez récents parce que cette thématique n'a été transférée à l'AFD qu'en 2016. Les premiers projets de développement sont apparus à partir de 2019, année où les montants des crédits alloués à l'AFD ont augmenté très significativement. Ils commencent à être déployés sur le terrain depuis 2020.
Nous définissons pour chacun de nos projets des indicateurs cibles sur les résultats que nous souhaitons atteindre : nombre d'individus ayant des conditions de vie améliorées, nombre de migrants qui peuvent bénéficier des dispositifs que nous finançons, nombre de populations hôtes qui peuvent en bénéficier, nombre de membres des diasporas qui peuvent bénéficier de nos projets, nombre de bénéficiaires des actions des diasporas, nombre de personnes formées à l'action publique sur la thématique des migrations, nombre d'institutions publiques renforcées, nombre d'organisations de la société civile renforcées, nombre de cadres normatifs (lois et réglementations) que nous faisons évoluer.
Ces indicateurs sont dans tous les documents que nous faisons valider par notre Conseil d'administration avec des cibles que nous cherchons à atteindre.
Le calendrier de déploiement des projets dans le temps s'étend de 2 à 5 ans, avec une revue à mi-parcours et une évaluation en fin de parcours. À ce titre, la création de la commission indépendante d'évaluation sera très utile. Nous réalisons une partie des évaluations, pour une autre partie, nous faisons appel à des consultants indépendants. Nous croisons ensuite ces informations pour améliorer l'efficacité de nos projets. Ma conviction est qu'à travers les partenariats que nous avons développés avec des institutions locales, nous arrivons à avoir des résultats sur le terrain. En revanche, je ne suis pas en capacité aujourd'hui de vous donner un chiffre précis. Je regarderai avec les équipes ce que nous avons à date en matière de résultat d'évaluation. Je vous transmettrai le calendrier des évaluations des projets que nous finançons, spécifiquement liés à la thématique des migrations. Nous aurons d'ailleurs une évaluation spécifique sur cette thématique en 2022.
Autre question, la mise en place d'un registre d'état civil ; celle-ci est indispensable, mais risquée. En effet, des dérives autoritaires pourraient amener à une certaine mainmise sur ces registres et à leur utilisation détournée.
Nous travaillons notamment au Nigeria dans le cadre d'un projet que nous cofinançons avec la Banque mondiale. Nous mobilisons 80 millions d'euros côté AFD pour fiabiliser l'état civil nigérian et permettre la création d'une carte d'identité nationale numérique. Nous finançons ce projet pour permettre un accès individualisé et centralisé à des prestations sociales : permis de conduire, documents de voyage, ouverture de compte bancaire…
Je réponds à la question sur le cas par cas versus le traitement de masse de la thématique des migrations. L'ambition de Meetafrica est d'accompagner 1 000 entrepreneurs européens. Sur ces 1 000, 250 bénéficieront d'un accompagnement personnalité plus poussé pour structurer leur projet de création d'entreprise. Sur ces 250, 170 auront une dotation de 30 000 euros. Ainsi, nous essayons de concilier la nécessité d'avoir un impact le plus large possible avec un traitement sur mesure pour 170 personnes, femmes et hommes, qui portent un projet de développement.
Enfin, pour répondre à la question de M. Ledoux, nos relais locaux sont des relais institutionnels. Au Maroc, nous travaillons avec 30 bureaux communaux d'appui social et administratif aux personnes en situation de migration. Nous travaillons également beaucoup avec les organisations de la société civile locale pour les accompagner dans leur mission, dans le renforcement de leur expertise, de leurs compétences et de leurs moyens.
Une question portait sur la situation des mineurs non accompagnés. Oui, nous rencontrons des personnes qui veulent partir. La jeunesse africaine représente une part très importante de la population africaine aujourd'hui, et encore plus demain. Dans certains pays, les jeunes ont le sentiment de n'avoir plus rien à perdre. Ceux qui sont diplômés n'ont d'autre perspective que le chômage, car les emplois ne sont pas en nombre suffisant pour absorber le flux des nouveaux diplômés chaque année. Ceux qui ne sont pas diplômés sont craints par le pouvoir local parce qu'ils le challengent sur le rôle de l'État, sa politique pour accompagner les jeunes qui cherchent des emplois et qui sont en situation de grande précarité.
Via les projets que nous finançons, nous cherchons à accompagner le développement de petites activités économiques localement. Nous finançons des programmes mettant à disposition des dotations pour lancer une activité économique pour pouvoir acheter du petit matériel : artisanat, couture, maçonnerie, etc.