Les 510 milliards de la diaspora représentent un montant considérable, infiniment plus élevé que ce que la France est capable de mobiliser en soutien au développement dans les pays dans lesquels nous intervenons. Cela dit, son impact sur le terrain est plus difficile à percevoir. Néanmoins, j'ai été le patron d'un hôpital de brousse au Cameroun pendant un an en 2009 et j'ai pu constater que les familles qui recevaient de l'argent de proches qui avaient émigré en Europe pouvaient s'offrir des soins. Cet argent percole et est très connecté avec les personnes physiques qui en sont les bénéficiaires.
Nous travaillons aujourd'hui, à travers les projets dont je vous ai parlé, à passer d'une logique de consommation à une logique d'investissement. Avec le projet Meetafrica, les membres des diasporas trouvent des véhicules financiers en lesquels ils auront confiance et dans lesquels ils seront prêts à investir de l'argent, parfois avec un retour financier certes faible, voire nul, mais grâce auxquels ils participent à la création de projets entrepreneuriaux.
Nous travaillons aussi à la mobilisation des banques publiques africaines. Elles ont la capacité de mobiliser de l'épargne locale au service du développement de l'économie du pays. 94 banques publiques africaines investissent chaque année 25 milliards d'euros dans l'économie africaine. Nous avons commencé à travailler avec elles pour trouver des points de convergence sur des grands objectifs que sont la lutte contre le changement climatique et le soutien au développement des TPE et des PME, mais aussi pour mobiliser de l'épargne domestique pour inciter des Sénégalais, des Ivoiriens, des Tunisiens à investir dans l'économie de leur pays.
S'agissant des écoles et universités françaises, je pense que deux sujets sont importants. Premièrement, comment faire venir plus de jeunes françaises et français issus d'universités ou de grandes écoles, mais pas uniquement, dans les projets de développement financés par l'AFD ? Il s'agit de l'un des enjeux du rapprochement avec Expertise France et des discussions que nous avons aujourd'hui avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères et son opérateur France volontaire international.
De manière plus large, je pense que l'AFD détient une mine d'or en matière d'informations et d'exemples de parcours de femmes et d'hommes. Comment montrer ce visage de l'Afrique qui, hélas, n'est pas suffisamment mis en valeur par les médias français ? Comment faire pour que les jeunes Français, voyant cela, aient envie de se mobiliser pour l'Afrique ?
Dans les réunions qui sont organisées en Afrique, nous constatons que beaucoup d'Africains et Africaines demandent à rencontrer la jeunesse française, car ils pensent qu'ils arriveront à travailler avec eux. Je pense qu'il y a cette volonté de sortir des schémas historiques habituels et de permettre aux jeunes de se parler et de travailler beaucoup plus directement ensemble que ce n'a été le cas jusqu'à présent.